"Spoutnik V : premier vaccin enregistré contre Covid-19" : c'est ainsi qu'est présenté ce vaccin sur son site officiel. Développé par l'Institut de recherche Gamaleya d'épidémiologie et de microbiologie, il suscite un intérêt tout particulier en août 2020, lorsque le ministère de la Santé russe décide d'enregistrer ce vaccin, alors que, en Occident, il faudra attendre encore plusieurs mois avant qu'une recherche vaccinale aboutisse.
Le 2 décembre, le Royaume-Uni annonce qu'il devient le premier pays à autoriser la distribution du vaccin co-produit par le laboratoire américain Pfizer et le laboratoire allemand BioNTech. Comme une réponse, le président russe, Vladimir Poutine, ordonne le jour même le début d'une campagne de vaccination de masse en Russie, avec Spoutnik-V.
Vladimir Poutine a été un ardent défenseur du vaccin dès les premiers essais. Une de ses filles avait d'ailleurs participé aux essais cliniques. Une confiance et une mise en avant largement décrite comme une démarche géopolitique dans une course mondiale à la vaccination. Les Russes ne seront cependant pas les seuls à recevoir ce vaccin : certains États alliés du Kremlin, comme la Hongrie, l'Inde ou le Venezuela comptent se procurer des doses de Spoutnik-V.
À l'été 2020, et dans les mois qui ont suivi, le vaccin a été critiqué pour le faible nombre de participants à ses essais mais aussi l'absence de publication des résultats de la phase III avant son enregistrement en Russie. En réalité, la phase III est encore en cours. Gamaleya a révélé, ce lundi 14 décembre, qu'après de nouveaux essais sur plus de 22.000 participants, le vaccin était efficace à 91,4%.
La vaccination fonctionne en deux temps, avec une première injection suivie d'une autre 21 jours plus tard. Un facteur qui, selon la BBC, pose des limites en matière de production. Contrairement au vaccin de Pfizer et BioNTech, Spoutnik V ne fonctionne pas à base d'ARN messager, mais avec des vecteurs viraux. Une partie du nouveau coronavirus va être ajoutée à un virus moins virulent qui sera ensuite injecté dans le corps. Ce virus transformé doit ensuite permettre la fabrication d'une protéine de la Covid-19, puis la production d'anticorps.
Un autre développement a été évoqué ces dernières semaines pour le futur de Spoutnik V. Le fonds russe d’investissement direct, qui prend en charge la commercialisation mondiale du vaccin, a annoncé, le 11 décembre, qu'il serait combiné au vaccin britannique d'AstraZeneca, dont les derniers essais montraient une efficacité de 62%. Des essais sont prévus avant 2021.