Choléra à Mayotte : ce que l'on sait après la mort d'un enfant de 3 ans

L'épidémie de choléra se propage à Mayotte depuis mi-mars. Cette infection diarrhéique aiguë a même fait un premier mort mercredi 8 mai, ont annoncé la préfecture et l'Agence régionale de santé. Il s'agit d'un enfant de trois ans, dans la commune de Koungou. Ce jeudi 9 mai, le ministre chargé de la Santé Frédéric Valletoux s'est voulu rassurant lors d'un déplacement sur l'île. Selon lui, la réponse apportée par les autorités est "adéquate". Pour rappel, le choléra s'attrape en consommant des aliments ou de l'eau contaminée par une bactérie. Cette maladie provoque une déshydratation accélérée et en l'absence de traitement, elle peut être fatale sous 1 à 3 jours. 

"Aux Comores, l'épidémie a démarré un mois et demi plus tôt, mais aujourd'hui, on compte des milliers de cas et presque une centaine de décès", a-t-il comparé lors de sa visite du quartier Kirson de Koungou, où au moins une cinquantaine de cas de choléra ont été déclarés à ce jour. 

Que sait-on de la situation à Mayotte ?

Selon le dernier bilan de l'Agence régionale de santé, 58 cas ont été identifiés. C'est presque 30 de plus en une semaine. Le mercredi 8 mai, une petite fille de trois ans est morte de la maladie. C'est le premier décès du choléra enregistré sur le sol français. Mais il y a potentiellement beaucoup plus de cas, car les trois quarts des personnes infectées ne présentent aucun symptôme. Elles peuvent quand même transmettre l'infection à d'autres. 

Les premiers cas sont apparus chez des Mahorais de retour des Comores, l'île voisine la plus proche. Une épidémie de choléra y fait rage depuis le début de l'année. Près de 5.000 cas ont été recensés et 98 personnes sont mortes. Selon les autorités sanitaires, la majorité des cas à Mayotte est désormais due à une transmission directement sur l'île. 

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Le choléra se propage généralement dans des régions pauvres ou instables. À Mayotte, la situation sanitaire est alarmante. De nombreux habitants vivent dans des conditions insalubres, parfois dans des bidonvilles. Parce que Mayotte est confrontée à une crise de l'eau, depuis 2022, le réchauffement climatique provoque des sécheresses à répétition. Concrètement, un tiers de la population n'a pas l'eau potable chez elle et pour les deux autres tiers, l'eau est coupée un jour sur deux. Tout ça pousse les habitants à boire de l'eau souvent impropre à la consommation, terreau de transmission du choléra. De plus, le ramassage des déchets n'est pas systématique et les rues, les plages se retrouvent souvent jonchées de poubelles qui peuvent transporter des maladies. 

Quelle réponse des autorités ?

Au-delà de la peur d'être contaminés, les Mahorais se sentent surtout abandonnés par l'État français. Ils alertent sur leur système de santé, déjà à bout. Il n'y a qu'un seul hôpital pour plus de 300 000 habitants. Les urgences ne comptent que cinq médecins et le SAMU ne peut plus fonctionner, car il n'y a plus assez de soignants pour assurer le transport des patients. 

Des renforts ont été envoyés, 67 médecins et infirmiers réservistes, deux unités choléra ont été mises en place. Une campagne de vaccination a aussi été lancée, en priorité dans les quartiers les plus insalubres. Jusqu'à présent, 4000 personnes cas contact ont été vaccinées, mais il n'y a pas assez de doses pour tous les habitants de l'île.