Cancer du sein : quand les complications ne viennent pas de la tumeur

En jetant un œil dans sa salle d'attente, au Centre hospitalier de Bligny (Essonne), le docteur Jean-Baptiste Méric comprend tout de suite "que ça ne va pas." La patiente qu'il attend est vêtue d'un jogging informe, et elle a gardé ses lunettes de soleil. Elle semble désabusée, et marche très lentement. "Elle n'y croit pas", raconte le cancérologue dans Symptômes. 

Cette patiente est âgée d'une soixantaine d'année. Psychologue de formation, elle est devenue professeure de français. Quelques années plus tôt, elle réalise un dépistage du cancer du sein. Elle a alors des projets de retraite et de voyages avec son compagnon.

Le diagnostic tombe : "un cancer du sein précoce, de moins de deux centimètres, qu'on peut guérir. C'est le stade le plus précoce qui soit, avec le meilleur pronostic possible", explique Jean-Baptiste Méric.

Il y a un risque de récidive. On lui recommande de prendre ce traitement tous les jours et de ne pas l'arrêter.

Jean-Baptiste Méric

Toutefois, il y a un risque de récidive car son cancer du sein est dit "hormonodépendant". Cela signifie qu’il est stimulé par les hormones qui circulent dans son corps. Les médecins lui prescrivent alors un traitement par hormonothérapie. L'oncologue développe : "L'idée est de donner un traitement qui va effondrer le taux d'hormones dans le corps, la tumeur ne va pas pouvoir s'en nourrir et ne pourra pas se développer."

"On lui recommande de prendre ce traitement tous les jours et de ne pas l'arrêter, car il augmente réellement ses chances de guérison." Au début, tout se passe bien, même si elle est anxieuse à l'idée de le prendre tous les jours.

Mais rapidement, elle ressent des effets indésirables intenses. Lors de ses rendez-vous de suivi, où elle se plaint, "on lui dit qu'il faut faire avec", rapporte Jean-Baptiste Méric. Six mois après la chirurgie, elle a pris un peu de poids et elle est très fatiguée. "Elle se sent vieille, elle a l'impression de pas récupérer."

Le médecin lui a dit : "Tout ça, c'est dans votre tête."

Jean-Baptiste Méric

Au rendez-vous suivant, elle arrive avec une liste de symptômes conséquente : "des bouffées de chaleur dans la nuit qui la réveillent, les muqueuses et la peau irritée, des douleurs osseuses. Elle a arrêté toutes ses activités et son quotidien est complètement bouleversé", souligne le cancérologue.

Sa vie n'est plus du tout la même. Mais de quelle maladie parle-t-on ? Car son cancer a toutes les chances d'être guéri. Le médecin qui la suit à l'époque lui dit : "Tout ça, c'est dans votre tête", et lui recommande de voir un psychiatre. Elle ne va plus au suivi "car elle ne se sent pas écoutée."

Une amie l'oriente vers le docteur Méric, qui tente de la mettre en confiance. Il réalise un test d'arrêt et de réintroduction du traitement. Le cancérologue veut vérifier si certains symptômes sont dus au traitement. Et les résultat ont de quoi surprendre…

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