Bébé prématuré : quand le cœur s'arrête et que les médecins tentent le tout pour le tout

Alice Frérot est médecin au service néonatologie de l'hôpital Robert-Debré à Paris. Elle est de garde, en cette nuit de juillet 2021, lorsqu'elle rencontre pour la première fois les parents de Lise, née 4 jours plus tôt par césarienne à 29 semaines et 5 jours. Lise est une grande prématurée et pèse à peine plus d'1kg.

"Elle a déjà des problèmes respiratoires, ce qui est logique car ses organes sont immatures", raconte Alice Frérot dans Symptômes. Les médecins la placent sous assistance respiratoire. "La machine de ventilation respiratoire vibre en permanence et fait beaucoup de bruit, c'est très impressionnant pour les parents." 

Ces derniers ont suivi un parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Alice Frérot constate qu'ils sont "très impliqués dans les soins, et dorment sur place en permanence."

Un matin, Lise va moins bien. On suspecte quelque chose au niveau pulmonaire qui la déstabilise.

Alice Frérot

"Ces situations-là nous émeuvent toujours, parce qu'on crée du lien très rapidement avec les familles", explique Alice Frérot. Mais "un matin, Lise va moins bien. On suspecte quelque chose au niveau pulmonaire qui la déstabilise."

Une radio est réalisée en urgence relative, directement depuis la chambre de Lise. "On trouve un pneumothorax à droite. C'est une grosse poche d'air, qui écrase les poumons et les déplace sur un côté", explique Alice Frérot. Deux moyens existent pour aspirer l'air : une aiguille ou un drain (un tuyau).

"Ses parents sont rentrés chez eux une nuit pour se reposer, car ce n'est pas reposant de dormir à l'hôpital." Pendant ce temps, Alice Frérot pose une aiguille, mais ne trouve pas d'air. Elle décide d'utiliser un drain thoracique, sous la surveillance d'une dizaine de médecins et infirmiers. L'intervention n'est pas très complexe et pourtant, rien ne va se passer comme prévu.

Au bout de 20 minutes, on commence à se regarder, à se dire qu'on va devoir arrêter la réanimation

Alice Frérot

"Je pose le drain et là pas d'air. On essaye de changer de matériel, mais rien n'y fait. On ne comprend pas", raconte Alice Frérot. Un médecin retourne voir la radio. Brutalement, du sang arrive dans la sonde, le cœur de Lise ralentit puis s'arrête.

D'autres médecins arrivent en urgence et débutent un massage cardiaque. "On regarde le scope (l'écran de contrôle) tous ensemble, accrochés à l'espoir de retrouver une activité cardiaque", se souvient Alice Frérot. Une injection d'adrénaline ne change rien.

"Au bout de 20 minutes, on commence à se regarder, à se dire qu'on va devoir arrêter la réanimation. Dans notre protocole, on ne doit pas dépasser 30 minutes." Alice Frérot entend le cri de la mère, qui vient d'arriver dans le service. Elle tente alors le tout pour le tout, et insère le drain beaucoup plus loin que d'habitude…

Pour découvrir la suite du récit d'Alice Frérot, écoutez l'épisode 53 du podcast "Symptômes".

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