Faut-il s’inquiéter des dernières outrances du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan ? C’est tout à la fois inquiétant et pas très surprenant malheureusement. Les injures, les provocations, les ingérences et les chantages sont courants de la part du dirigeant turc et ça fait des mois et des années que ça dure.
Mais ça reste inquiétant parce qu’Erdogan multiplie les fronts. Tout ça, il le fait d’abord pour des raisons de politique intérieure turque. Par ses outrances, comme d’autres populistes, il masque ses échecs dans son pays. Erdogan bataille aussi contre les prises de positions françaises pour la Grèce, la Libye et le Haut-Karabakh.
Est-ce que ça peut être dangereux ? Oui. En Méditerranée, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian décrit très bien une situation à risque. Il y a une concentration de bateaux de guerre de tout un tas de nationalités qui naviguent dans un petit périmètre.
En période de tension, un missile peut toujours partir par erreur. Erdogan menace aussi toujours l’Europe d’une vague migratoire et d’ouvrir ses frontières. Sur un autre front, le président turc veut aussi s’afficher comme le défenseur de l’islam sunnite.
Quand il vise le discours d’Emmanuel Macron contre le séparatisme islamiste et pour sa défense des caricatures. Erdogan encourage indirectement ceux qui appellent au boycott des produits français ou qui brulent des drapeaux tricolores.
C’est pour ça qu’Emmanuel Macron a tweeté hier en français, en anglais et en arabe : "Rien ne nous fera reculer, jamais". Que peut-on faire contre la Turquie ? Nous avons rappelé notre ambassadeur d’Ankara. C’est un geste fort. Et le chef de la diplomatie européenne a apporté son soutien à la France, ce qui n’est pas si courant.
Il n’en reste pas moins que depuis des semaines, les 27 n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des sanctions contre la Turquie. L’Allemagne n’est pas à l’aise. Elle commerce avec Ankara et compte une très forte communauté turque. C’est aussi ce qui inquiète en France.
Ce que Clément Beaune, le ministre français des Affaires européennes a désigné hier sur Radio J comme "une influence turque délétère".
Avec des associations, des imams et sur les réseaux sociaux, il y a chez nous une forme de prosélytisme turc d’un islam politique. C’est précisément ce à quoi s’attaque Emmanuel Macron avec la loi contre le séparatisme. Les insultes d’Erdogan vont donc continuer.