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"TPMP" : entre menaces et vengeance, Mélenchon et Hanouna profitent de la lumière

ÉCLAIRAGE - L'animateur et le dirigeant politique se livrent depuis plusieurs jours une guerre médiatique inédite.

Jean-Luc Mélenchon et Cyril Hanouna

Crédit : YouTube/ AFP

Aymeric Parthonnaud

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Je t'aime, moi non plus. Entre la France insoumise et Cyril Hanouna, l'animateur de l'émission Touche pas à mon poste (TPMP) sur C8, le torchon ne cesse de brûler. Et aucun camp ne semble disposé à convenir d'un prochain cessez-le-feu. Ce lundi 21 novembre, le leader de la France insoumise a continué sa riposte. "Après l'émission Hanouna vendredi 100% à charge et 'vengeresse' contre ma revue de la semaine, nous saisissons une nouvelle fois l'Arcom. Y a-t-il une limite à la télé ?", a tweeté Jean-Luc Mélenchon. 

Il faut dire que depuis le clash entre le député LFI Louis Boyard et Cyril Hanouna, rien ne va plus. Le 10 novembre, sur le plateau du talk de C8, une violente altercation avait éclaté entre le présentateur et le parlementaire, ancien chroniqueur de l'émission. Cyril Hanouna avait injurié Louis Boyard qui venait d'évoquer les ennuis judiciaires en Afrique de Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+ et, donc, de C8.

Après de longues minutes de chaos, Louis Boyard a reproché à Cyril Hanouna de faire "monter le racisme". Des accusations qui ont fait sortir de ses gonds l'animateur. "J’ai toujours défendu le racisme", a-t-il déclaré dans un lapsus. "Redescends de trois étages Louis Boyard, t’es député mais t’étais chroniqueur ici, donc calme-toi", a rétorqué l'animateur, manifestement indigné que son ancien chroniqueur crache ainsi dans la soupe. Au pic de la dispute, Cyril Hanouna a lancé quelques insultes qu'il annoncera regretter après : "abruti",  "tocard", "bouffon", "ferme ta gueule"... Le divorce était consommé. 

Clan contre clan

Après ce clash, devenu l'événement politique et médiatique de la semaine, la France insoumise et la classe politique dans son ensemble se sont interrogées sur la pertinence d'accepter les invitations de TPMP. "Nous ne sommes pas vos copains, et nous ne le serons jamais, a déclaré Jean-Luc Mélenchon, nous allons partout où nous pouvons porter notre parole". Sous-entendu de l'ancien candidat à la présidentielle : même si le terrain est difficile, il est normal de l'occuper. Pas d'interdiction formelle donc de se rendre chez Hanouna et ses chroniqueurs. À l'époque du moins...

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Encore faut-il être de nouveau convié dans l'émission qui rassemble quelque 2 millions de téléspectateurs... "Il n'a pas dit qu'il ne venait plus chez nous. Mais pour venir chez quelqu'un, il faut être invité", a répliqué Cyril Hanouna devant ses chroniqueurs et son public. "Pour l'instant, c'est moi-même qui le dis, LFI, jusqu'à nouvel ordre, ils ne sont plus invités sur le plateau. Comme ça, c'est clair". La dispute entre le parti de gauche et "Baba" est devenu le sujet principal de l'émission de ce dernier. Un exercice périlleux d'auto-critique, ou plutôt d'auto-défense, qui attire les téléspectateurs depuis...

Jean-Luc Mélenchon n'a pas son émission de télévision, mais il dispose, lui aussi, de puissants outils médiatiques pour répondre à l'animateur : son compte Twitter et surtout sa chaîne YouTube et ses 808.000 abonnés. Dans son épisode 161 de sa Revue de la Semaine, Jean-Luc Mélenchon est revenu longuement sur l'affaire Boyard/Hanouna. L'émission de TPMP sur l'affaire Lola, des coups d'éclat "en dessous de la limite de ce qui est moralement acceptable", une "marionnette tenue par des fils d'argent"... Jean-Luc Mélenchon a torpillé lui aussi dans la longueur (et sans contradicteur) son nouvel ennemi avant de livrer un édito de son cru sur la concentration des médias. 

La séquence se termine par une accusation qui n'a pas manqué de faire réagir Cyril Hanouna. "Vous avez donné 52% de votre temps à l'extrême droite", accuse Jean-Luc Mélenchon, doigt pointé vers la caméra. "Quand nous venons chez vous nous savons que nous rentrons par effraction sur un plateau favorable à l'extrême droite (...) fabriqué pour l'extrême droite. (...) Vous êtes des organisateurs de spectacles et nous nous y faufilons pour porter notre parole. Comme devant une bouche de métro, dans la rue, dans une usine... Ne vous illusionnez pas une seconde sur la raison de notre présence". 

Jean-Luc Mélenchon affiche un pragmatisme froid et entend, quelque part, piquer Cyril Hanouna qui semble traiter les choses sur un niveau bien plus émotionnel et personnel. Dans une séquence baptisée "Cyril et les chroniqueurs de TPMP répondent à Jean-Luc Mélenchon", Cyril Hanouna a voulu contester ce chiffre. Affichant derrière lui un gigantesque tableau décomptant les temps de parole du 1er janvier au 10 novembre 2022, Cyril Hanouna voulait présenter une émission parfaitement équilibrée où tous les courants sont représentés et où LFI est bien servie : ils arriveraient deuxièmes avec 18,9% du temps de parole derrière le parti présidentiel Renaissance. Le RN arriverait à 18% et Reconquête à 11,5%. L'absence de condamnation de l'Arcom serait la preuve de ce bon travail de répartition. 

Les journalistes de Libération en charge du fact-checking se sont plongés dans ces chiffres pour démêler le vrai du faux. Qui a raison ? Jean-Luc Mélenchon sur YouTube ou Cyril Hanouna dans TPMP ? Tout dépend de la période choisie, des extraits décomptés... Jean-Luc Mélenchon a repris à son compte les travaux d'une chercheuse du CNRS qui s'est intéressée aux périodes pré-électorale et électorale. Son calcul était sans appel : 53% du temps d'antenne revenait au camp de l'extrême droite entendu comme bloc agrégé. TPMP a lissé son calcul sur l'année. Comme le veut la tradition, il est facile de faire dire aux chiffres ce que l'on veut en changeant quelques paramètres ici et là. Mais cette énième dispute profite surtout aux deux intéressés : Hanouna et Mélenchon qui, en se chamaillant, occupent le terrain

Ils aboient et les caravanes passent

Cyril Hanouna, comme le veut la tradition, continue de miser sur la loyauté indéfectible de ses amis, chroniqueurs et de son public. "Les chéris, je voulais vous dire que tous les messages que j'ai reçus depuis ces derniers jours m'ont fait tant plaisir. C'est vous qui m'avez fait, c'est vous qui me donnez la force tous les jours. Les bobos mentent, les bobos aboient, mais la caravane de Baba passe", a-t-il tweeté le 20 novembre pour conclure cette semaine pleine de rebondissements marquée notamment par une nouvelle punition de l'Arcom sur le sujet du traitement de l'affaire Lola. 

De son côté, LFI entend profiter de ses prérogatives pour porter quelques dossiers : la proposition de loi portée par Clémentine Autain baptisée "Mettre fin à la concentration dans les médias et l’industrie culturelle" a le potentiel de continuer à énerver quelques acteurs de la télé. Saisine de l'Arcom, plainte, commission d'enquête parlementaire... Cette bataille toute politique pourrait bien durer un moment, du moins tant que le public veut bien encore continuer à regarder le match.

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