TOUT SAVOIR SUR - Hollande, Sarkozy, Cahuzac... Quand les politiques sont face à la tentation du retour

Déclarations dans les médias, déplacements, interviews... François Hollande revient sur le devant de la scène politique. L'ancien président de la République a été reçu à l'Élysée par Emmanuel Macron, avec Nicolas Sarkozy pour évoquer la guerre en Ukraine. 

"Ma position sur les questions militaires, je l'ai montrée lorsque j'étais président, c'est que moins on en dit, mieux on agit. Ne pas dire ce que l'on fait, mais faire ce que l'on n'a pas dit. C'est ça qui permet d'avoir le plus d'efficacité et de ne rien faire connaître à Vladimir Poutine", a-t-il déclaré.

Tel un candidat à une élection, François Hollande fait des déplacements en France. Sauf que c’est pour promouvoir son dernier livre qui s’appelle Notre Europe. Ce retour médiatique est-il synonyme d'un retour en politique ? Les ex-responsables semblent ne jamais mettre de point final à leur carrière politique. Pourquoi sont-ils si souvent cités dans le débat public ? Est-ce possible de revenir en politique après avoir subi un échec électoral ?

François Hollande continue de vouloir faire entendre sa différence au titre de son expérience.

Bruno Cautrès, chercheur en sciences politiques au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

Au micro de RTL, Bruno Cautrès, chercheur en sciences politiques au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), explique que l'ancien président de la République "compte toujours être un acteur du débat politique". "On sait que l'ancien président est quelqu'un qui est toujours extrêmement connecté au monde de la politique (...) On voit qu'il continue de vouloir faire entendre sa différence au titre de son expérience. Régulièrement, il a eu l'occasion de faire entendre sa différence par rapport au jeune Emmanuel Macron qui lui a succédé en 2017", indique-t-il.

Ce retour en bonne grâce de François Hollande est à remettre en perspective avec le contexte politique Dans trois mois, les Français seront appelés à voter pour les élections européennes. Raphaël Glucksmann, est tête de liste pour le Parti socialiste. François Hollande est-il là pour doper sa candidature ?

"Ce qui est certain, c'est qu'au sens politique du terme, François Hollande attend que son ancien mouvement politique, le Parti socialiste, sorte clairement de la stratégie d'alliance avec la Nupes et la France insoumise, note Bruno Cautrès. François Hollande n'a jamais caché qu'il s'agissait pour lui d'une erreur stratégique importante (...) Si la liste de Raphaël Glucksmann aux élections européennes fait un meilleur score, que celle des Insoumis, ce serait vécu par beaucoup comme une excellente nouvelle qui pourrait envoyer un signal que peut-être les choses vont à nouveau bouger à gauche".

L'élection suprême

Comme François Hollande, Nicolas Sarkozy n'a pas tiré un trait sur sa carrière politique. Condamné en appel à un an de prison, dont six mois avec sursis, l'ancien président s'est pourvu en cassation. "Il y a une situation un peu particulière à cette droite qui est dans une situation tellement difficile. Ils n'ont pas gagné d'élection majeure, depuis la présidentielle de 2007, lorsque Nicolas Sarkozy a gagné l'élection présidentielle. C'est une formation politique qui a subi de plein fouet cette concurrence avec le Rassemblement national, dont une partie maintenant a été absorbée par Emmanuel Macron", rappelle Bruno Cautrès. 

Les Républicains sont "une formation politique en perte de repère et en recherche d'un leader qui pourrait à la fois incarner le centre de gravité de la droite et puis peut-être aussi un leader qui pourrait incarner la gagne", analyse le chercheur en sciences politiques au CNRS. "De ce point de vue-là, Nicolas Sarkozy reste une référence à droite", ajoute-t-il.

Quand on a été littéralement carbonisés par le scandale, il est pratiquement impossible de revenir en politique

Bruno Cautrès, chercheur en sciences politiques au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)

Qu'en est-il de Jérôme Cahuzac, qui a laissé entendre son envie de revenir en politique en novembre 2023, ou encore de François Fillon et de Dominique Strauss-Kahn ? L'ancien ministre du Budget, a été condamné pour fraude fiscale. L'ancien premier ministre a, lui, été condamné à quatre ans de prison, dont un an ferme dans l’affaire des emplois fictifs. Quant à l'ex-patron du Fonds Monétaire International, il a été relaxé dans l’affaire du Carlton et n’a jamais été condamné pénalement, malgré plusieurs mises en examen.

"Quand le curseur a été poussé très loin du scandale, il semble que le retour même à des responsabilités locales soit quasiment impossible (...) Ils ont été des grands brûlés de la politique et quand on a été littéralement carbonisés par le scandale, il est pratiquement impossible de revenir", conclut Bruno Cautrès.

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