Il y a une semaine, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse. Pendant plus de deux heures, le président de la République a balayé plusieurs sujets, allant de la sphère éducative à la sécurité dans le pays, en passant par les polémiques Oudéa-Castéra et Depardieu.
Ce format de questions-réponses avec les journalistes, rassemblés à l'Élysée, est une formule bien connue des présidents sous la Ve République. Lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a mis en avant sa volonté d'avoir un gouvernement qui incarne l'"audace", l'"action" et l'"efficace".
Le chef de l'État en a-t-il fait preuve pendant cette conférence de presse ? Pourquoi cet exercice est un incontournable pour les présidents de la République ? Et comment s’en sont sortis ses prédécesseurs ?
Selon Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences-Po et président de MCBG Conseil, l'exercice est réussi pour le président. "Il n'a pas été en difficulté, il n'y a pas eu véritablement de moment difficile pour lui. Il a plutôt fait passer un message très à droite. Lui-même a montré qu'il était capable de répondre à n'importe quelle question", a-t-il expliqué. Cependant, l'expert s'interroge sur la pertinence de ce type d'exercice.
"Est-ce que c'est bien pour la société en général d'avoir ce type d'exercice assez monarchique ? L'habileté de l'Élysée, c'est de construire une machine de communication qui leur permet d'exister avec très peu de risques. Le problème, c'est que moins il y a de risques en communication, moins ça intéresse les gens. Imaginez une conférence de presse avec des questions d'entrée de jeu sur Depardieu ou sur la marche contre l'antisémitisme. On aurait eu une conférence de presse intéressante, passionnante, complètement différente", estime-t-il
Emmanuel Macron a une façon de communiquer qui est très spécifique. Il copie-colle des séquences historiques.
Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences-Po et président de MCBG Conseil
Le professeur en communication politique analyse la stratégie employée par Emmanuel Macron. "Il a une façon de communiquer qui est très spécifique. Il copie-colle des séquences historiques. De Gaulle, Mitterrand, Chirac... C'est comme un peu une série Netflix où il revisite ces classiques de l'histoire politique", explique-t-il.
Autre conférence de presse marquante : Nicolas Sarkozy en janvier 2008. Le président de la République était interrogé sur sa relation avec Carla Bruni et sa réponse a marqué les esprits. "Avec Carla, nous avons décidé de ne pas mentir. Nous ne voulons rien instrumentaliser, mais nous ne voulions pas nous cacher. Je ne voulais pas qu'on prenne une photo de moi au petit matin, glauque. Et puis, vous l'avez compris, c'est du sérieux", déclarait-il.
Selon Olivier Bost, chef du service politique de RTL, "cette séquence était extrêmement préparée parce que ça permettait de complètement boucler le sujet. Pour le coup, le format de la conférence de presse était parfait pour ça. C'était vraiment l'exercice parfait pour régler une question qui était une question qui avait troublé un certain nombre d'électeurs de Nicolas Sarkozy. Je me souviens de cette conférence de presse et c'est vrai qu'on savait que la question allait arriver. Elle est arrivée assez tôt et elle était cash et donc c'était réussi", indique Olivier Bost.
François Hollande avait, quant à lui, interrogé sur les révélations du magazine Closer. "Valérie Trierweiler est-elle toujours première dame de France ?", avait été la première question posée lors de cette conférence de presse. "Je comprends votre question et je suis sûr que vous comprendrez ma réponse. Chacun dans sa vie personnelle peut traverser des épreuves. C'est notre cas. Ce sont des moments douloureux. Mais j'ai un principe, c'est que les affaires privées se traitent en privé, dans une intimité respectueuse de chacun. Ce n'est donc ni le lieu, ni le moment de le faire. Mais si je ne répondrais à aucune question aujourd'hui sur ce sujet", avait alors déclaré François Hollande.
"C'était catastrophique. Le problème de François Hollande, c'est qu'il résistait contre la fonction de président. Il voulait être différent de Nicolas Sarkozy. François Hollande mettait aussi son staff de communication devant le fait accompli, c'est-à-dire que la veille, les conseillers quittaient François Hollande avec une décision. Le lendemain, en conférence de presse, ils voyaient le président faire l'inverse. Et ça, il le faisait très souvent parce qu'il pensait qu'il maîtrisait sa communication", précise Philippe Moreau-Chevrolet.
Et d'ajouter : "C'est le défaut numéro un des politiques français. Il faut se faire entourer et conseiller".
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