L'ancienne ministre de la Santé, décriée pour avoir quitté son poste en pleine flambée de Covid-19, estime qu'elle n'a pas été assez entendue par Emmanuel Macron et le Premier ministre d'alors, Édouard Philippe. Agnès Buzyn, mise en examen il y a un an pour "mise en danger de la vie d'autrui", s'est exprimée dans les colonnes du Monde ce mardi 25 octobre.
L'ex-ministre tient à faire savoir qu'elle a bien alerté le Président de la République et le chef du gouvernement, dans l'indifférence générale car "tout le monde s'en foutait", a-t-elle assuré. D'après son journal de bord, rédigé lors des événements et consulté par Le Monde, Agnès Buzyn aurait indiqué, dès le 11 janvier 2020 - deux mois avant le premier confinement - qu'une nouvelle pandémie sévissait en Chine, sans avoir de retour de la part du chef de l'État et d'Édouard Philippe.
Invitée à réagir aux confidences de son ancienne consœur, l'ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot a souhaité "contextualiser" les faits évoqués sur RTL. "Il y a une incroyable dureté de la fonction politique", a-t-elle tenu à rappeler. "Un certain nombre de personnes de la société civile n'imaginent absolument pas ce que c'est que d'exercer [...] une fonction ministérielle en période de crise".
Et de rappeler : "Ce n'est pas parce que vous êtes un grand médecin respecté que vous êtes formé à affronter la chose politique [...] et la dureté de l'opinion publique". Roselyne Bachelot a également étrillé les prises de parole hasardeuses de début de crise, et ceux "qui se vautrent dans la lucidité à posteriori". Outrée par la mise en examen d'Agnès Buzyn, l'ex-ministre de la Culture a fait part de son incrédulité : "Qu'elle se soit dit 'les Français, je vais les tuer !', mais ça tient pas la route un instant", a-t-elle souligné.