Retraites : avec son idée de référendum, François Bayrou empiète sur le territoire d'Emmanuel Macron

La solution à tout ? Le conclave sur les retraites, voulu par François Bayrou, connaît déjà ses premières fictions avec le départ du syndicat Force Ouvrière de la table des négociations. Dans un entretien au Figaro publié ce vendredi 28 février, le premier ministre a évoqué l'hypothèse selon laquelle les partenaires sociaux ne parviennent pas à un accord et sa volonté de recourir à une consultation citoyenne. 

En cas de "blocage" des négociations sur les retraites, "le référendum est une issue", a-t-il déclaré. "J'ai toujours dit que lorsque des questions sont bloquées, lorsqu'il n'y a pas de résolution possible, le référendum est une issue", a-t-il ajouté. 

Toujours dans cet entretien, François Bayrou a aussi dévoilé sa volonté d'organiser des conventions citoyennes. Ce format avait déjà été utilisé par Emmanuel Macron, sur le climat et sur la fin de vie. Cette fois-ci, le locataire de Matignon souhaite en organiser sur la question suivante : "Qu'est-ce qu'être français ?". 

C'est une question qui taraude notre temps

François Bayrou dans un entretien au "Figaro"

"C'est une question qui taraude notre temps, juge-t-il. Et permettez-moi de vous le dire, c'est une question pour ceux qui naissent Français autant que pour ceux qui nous rejoignent". À travers cette convention, François Bayrou veut élargir le débat sur le droit du sol. Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggère pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social".  

Selon le premier ministre, "la laïcité philosophique et religieuse est une immense conquête, terriblement contestée sur la planète. Elle est notre force. Je crois qu'elle doit être complétée par une laïcité politique : ce n'est pas parce que quelqu'un n'est pas d'accord avec moi que je veux l'écraser". 

Et d'ajouter : "Quant au contrat social, il fait que le principe de notre vie en commun n'est pas le 'chacun pour soi', mais le 'tous pour un'. Ces questions sont des composantes de ce que nous sommes comme peuple", ajoute-t-il. 

Prérogative présidentielle

En émettant sa volonté de recourir à ces consultations citoyennes, François Bayrou s'engouffre dans la brèche laissée par Emmanuel Macron. En effet, depuis l'annonce du président de la République de consulter les Français pour les amener à "trancher" des sujets sur différentes thématiques, Emmanuel Macron est resté flou sur ses intentions. Quel sujet ? Quelles questions et sous quel format ?

Les oppositions voient dans cette annonce une manœuvre politique. Le président de la commission des finances et député insoumis Eric Coquerel dénonce "une nouvelle annonce pour gagner du temps". Au Rassemblement national aussi, l'idée de François Bayrou est accueillie fraîchement. "Monsieur Bayrou incarne cette élite qui parfois consulte les Français, mais ne veut jamais les écouter", tance le député RN Jean-Philippe Tanguy.

Selon la Constitution, le recours au référendum est une prérogative présidentielle "sur proposition du Premier ministre et aux autres membres du Parlement". "L'article 11 de la Constitution définit le champ d'application du référendum. Le référendum peut concerner une question sur l'organisation des pouvoirs publics, sur l'économie et le social et les politiques publiques et aussi la ratification de traités internationaux ou de traités européens", expliquait le politologue Bruno Cautrès dans le podcast d'actualité de RTL Tout savoir sur. Dans le cas des questions de société, "il faudrait sans doute passer par l'article 89 de la Constitution pour effectuer une révision de la Constitution en élargissant le champ d'application des référendums", précise le politologue. 

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