C'était la surprise du chef de fin d'année. Comme il en a le secret, Emmanuel Macron avait annoncé lors de ses vœux aux Français sa volonté de les consulter en 2025, afin de "trancher" des sujets.
Même si la politique regorge de rebondissements inattendus, d'autant plus depuis la dissolution, il existe un adage qui consiste à penser qu'un référendum a de fortes chances de se retourner contre son instigateur. Une prophétie qu'Emmanuel Macron a choisie de défier.
Mais à son rythme. Plus de cinquante jours après avoir formulé cette demande, le président de la République est resté silencieux sur ses intentions. Organisera-t-il un référendum ? Plusieurs ? Sur quels thématiques ? Quelles seront les questions ? Ce qui est certain, c'est que la question du référendum ne laisse pas la classe politique indifférente.
Dans le camp de ceux qui militent pour une consultation des Français, Bruno Retailleau occupe une bonne place. Le ministre de l'Intérieur s'est emparé de l'idée pour pousser à l'organisation d'un référendum sur l'immigration. Mais l'article 11 de la Constitution ne permet pas de consulter les Français sur ce sujet. Le ministre de l'Intérieur a expliqué sur LCI le 6 février la possibilité d'aborder la thématique de l'immigration via le prisme social, avec une question concernant "un délai de carence avant qu'un étranger touche les allocations familiales".
Marine Le Pen formule aussi cette demande depuis plusieurs années. Lors de la campagne présidentielle de 2022, la candidate du Rassemblement national prônait une "révolution référendaire". Elle souhaitait ainsi entamer une révision de la Constitution afin de "soumettre au peuple français, qui doit décider lui-même d’instaurer cette nouvelle ère démocratique" post-gilets jaunes. Le 8 février dernier, la députée RN a milité pour un référendum sur la suppression du droit du sol.
François Bayrou a avancé l'idée d'un "débat public approfondi et beaucoup plus large que ça", estimant que "ce qui fermente depuis des années" repose sur la question de "ce qu'est être Français".
Autre figure du socle commun, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet déclarait le 6 février dernier : "Vous savez, on dit toujours que 'les Français ne nous font pas confiance', mais est-ce que les politiques font confiance à nos compatriotes ? Ça fait plus de 20 ans qu'on n'a pas fait de référendum et je propose que l'on modifie justement la Constitution". "Je propose que le président de la République fasse une modification de la Constitution ciblée à l'article onze, simplement pour ouvrir le champ des possibles et nous permettre d'interroger les Français sur des sujets qui les concernent directement", avançait-elle.
Dès fin janvier, Gabriel Attal s'est lui, aussi, emparé de l'idée d'Emmanuel Macron, en proposant un "projet de loi référendaire" sur le modèle social français. Le délégué général de Renaissance se laisse un délai de trois mois avant de présenter une proposition. "Si elle ne peut pas être adoptée au Parlement, (...) il faut qu'elle puisse être soumise à un référendum aux Français", expliquait-il sur France 2.
"C'est un énorme sujet, comment résume-t-on ça dans une question ?", s'interroge un parlementaire du socle commun sans réussir à apporter une réponse. Mais le camp Attal y voit là une opportunité de remettre sur la table le sujet de l'assurance-chômage. "Ça nous singularise du reste", souligne un conseiller parlementaire qui estime qu'un référendum sur l'immigration ne serait pas la bonne solution. "Il y en a qui feront ça mieux que nous", explique-t-il.
À gauche aussi, les écologistes se sont emparés de la question du référendum. La patronne des Verts Marine Tondelier a appelé, dans les colonnes de Ouest France, à l'organisation d'une consultation afin de mettre en place une Assemblée constituante.
Dans le camp du "non" au référendum, on retrouve notamment des ministres. Si l'organisation d'un référendum déclenche si peu d'enthousiasme, c'est parce qu'il ferait plonger le pays dans l'inconnu, dans le cas d'une victoire du "non". Comment le président analyserait-il ce résultat ? Une ministre prévient : "Il faut faire très, très attention. Que fait un président de la République d’un référendum perdu ? Est-ce qu'il opte pour la méthode de Gaulle (qui a démissionné, ndlr) ou est-ce qu'il encaisse ?".
Un député socialiste, arrivé au même constat, y voit un risque politique pour Emmanuel Macron. "À ce stade, même s’il proposait un référendum sur la retraite à 50 ans, les gens voteraient contre", lâche-t-il. Au Rassemblement national aussi, un député note le "profond rejet" du chef de l'État, dans l'opinion publique. "Beaucoup de gens font faire du référendum un 'pour ou contre Macron'. La participation sera plus forte que d’habitude", prédit-il.
Certains craignent un enjambement du Parlement. Un ministre estime que c'est aux parlementaires "d'assumer leurs responsabilités". "Le président de la République en a parlé de manière très subliminale. Je ne pense pas que l’idée soit bonne", grince-t-il.
Notre responsabilité, ce n’est pas de nous décharger, parce que l’on n'arrive pas à régler un problème
Un député Horizons
Un constat partagé par un député Horizons qui préfère que les réformes à venir soient débattues par la représentation nationale. "Notre responsabilité, ce n’est pas de nous décharger, parce que l’on n'arrive pas à régler un problème, fustige-t-il. Le référendum, ce n'est pas une solution miracle. Il faut bien choisir son sujet : propose-t-on un référendum sur la fin de vie ? L'assurance-chômage ? L'immigration est le sujet abrasif par excellence. Ce serait tout sauf sérieux".
Selon un décompte du Parisien, Emmanuel Macron a déjà évoqué le recours aux référendums par le passé, en 2018, 2019, 2022 et 2023. Mais pour l'instant, sans qu'aucun référendum ne soit organisé. Deux consultations citoyennes ont, elles, été mises en place sur le climat et la fin de vie.
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