Dans les lycées, les premières épreuves du bac en contrôle continu sont très perturbées. La contestation de la réforme de Jean-Michel Blanquer est très politique et en partie violente. Il y a un fossé grandissant entre les profs et le ministre de l’Éducation.
Un fossé qui se creuse car les uns et les autres décrivent deux situations, deux réalités souvent très différentes. Il y a d’un côté des syndicats, des professeurs et des lycéens qui multiplient les actions, parfois violentes, contre ce contrôle continu au bac, et contre la réforme des retraites.
De l’autre, il y a le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, qui explique que ça se passe globalement très bien, que c’est une minorité qui cherche à semer la pagaille, une minorité très politisée. Mais alors qui faut-il croire ? Tout le monde en fait, et ce n’est pas rassurant, car la première réalité incontestée, c’est que la violence a fait irruption dans les lycées.
La semaine dernière, il y a des incidents très graves dans l’ouest de la France. À Rennes, 200 manifestants sont entrés dans des lycées et ont mis le feu à des locaux. Un proviseur a été menacé de mort et avant-hier, les élèves ont passé leurs épreuves dans deux lycées à Bordeaux sous protection policière.
La contestation sociale que nous avons vue dans la rue ces dernières semaines et ces derniers mois est entrée à l’école. Jean-Michel Blanquer, de son côté, ne nie pas ces violences. Jeudi 6 février au soir sur RTL, il a parlé, à la manière d’un Jean-Pierre Chevènement, "d’ensauvagement, de barrières mentales qui sont franchies. Il attribue les violences à l’extrême gauche. Des syndicats et la France Insoumis qui auraient des manœuvres pour pousser à la violence selon lui.
Des profs ont effectivement basculé dans des actions illégales. Une forme de radicalité indéfendable quand on est enseignant, avec un devoir d’exemplarité. Ça avait commencé avec la rétention des copies du bac l’année dernière. Ça continue avec les blocages du contrôle continu au bac. En fait, c’est sur l’ampleur des contestations qu’il y des constats différents.
Jean-Michel Blanquer estime que seulement 15% des établissements sont perturbés, quand des syndicats parlent plutôt de quasiment un établissement sur deux. Pour pas mal de profs, bien au-delà des fauteurs de troubles, c’est comme si leur ministre minimisait leur problème. En plus, il faut le rappeler, il n’y a pas que la réforme du bac, les retraites sont aussi un sujet d’angoisse.
Jean-Michel Blanquer garde pourtant une bonne image dans l’opinion. Il a le soutien de l’Élysée. À Matignon, pour des raisons purement politique, c’est un peu plus frais. Mais ce n’est pas ce qui est important, nous avons toujours connu la réticence aux changements dans l’Éducation nationale, mais ce malaise, cette radicalisation dans les actions, est plus nouveau.
La violence à laquelle doivent faire face les directeurs d’établissement aussi est malheureusement une nouveauté. Quels que soient les chiffres, des lycées sont sous pression. Pour retrouver un peu de calme, Jean-Michel Blanquer a changé de ton. Il fait la différence entre ceux qui font de la politique, et ceux qui trouvent à redire sur ce nouveau bac. Jean-Michel Blanquer s’est dit jeudi 6 février soir sur RTL prêt à revoir un peu le dispositif. L’Éducation nationale ne peut pas s’embraser comme le reste de la société.
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