La réforme des retraites a-t-elle du plomb dans l'aile ? Si l'on tourne le regard du côté de l'Assemblée, le projet semble mal engagé et a réussi à déstabiliser toutes les forces politiques impliquées.
Mais en marcronie, on regarde déjà vers le futur. Direction le Sénat. Le texte sur la réforme des retraites continue son parcours parlementaire. Après l'Assemblée, il arrivera en commission au Palais du Luxembourg à partir du 27 février et sera débattu en séance dès le 2 mars.
Place au débat "de fond", lance un macroniste en se frottant les mains. "L'Assemblée nationale était une bataille de forme qui a viré à la bataille d'écoliers. Mais on a évité le pire", explique-t-il.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a partagé sa hâte de voir le texte atteindre cette deuxième étape parlementaire. Saluant au passage la gauche sénatoriale est une "gauche républicaine", selon lui.
Si la majorité trépigne de voir le texte arriver dans les mains des sénateurs, c'est avant tout grâce aux déclarations du président LR du Sénat Gérard Larcher. La réforme est "nécessaire" selon lui. Un avis bien différent de celui des députés Les Républicains à l'Assemblée.
Divisés sur les concessions à obtenir de la part du gouvernement, les députés de droit n'ont pas agi d'une seule et même voix. Certains ont trouvé le responsable : Aurélien Pradié. Le numéro 2 du parti a été démis de ses fonctions par Eric Ciotti.
Le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau "veut faire le job que les députés LR n'ont pas fait à l'Assemblée nationale", analyse un cadre Renaissance. "Il va droitiser le texte fortement donc ça nous remet dans une position centrale", ajoute-t-il.
La fin du clivage politique gauche-droite n'est pas encore arrivée jusqu'aux portes du Sénat. En effet, la gauche sénatoriale est le principal groupe d'opposition aux Républicains. Il est composé de 65 sénateurs et est mené par Patrick Kanner. Les mêmes interrogations qui se sont posées à l'Assemblée risqueront d'intervenir à nouveau. Le patron des sénateurs socialistes a d'ores et déjà assuré qu'il "prenait l'engagement", que l'article 7 soit examiné.
Selon un proche d'Emmanuel Macron, comme à l'Assemblée, "chacun va vouloir exister". "LR va vouloir marquer le pas en votant le texte, mais ils voudront que ce soit leur texte. Il y aura de l'obstruction de la part de l'opposition", explique-t-il.
Et c'est ainsi que Renaissance espère retrouver sa place, entre Les Républicains et la gauche. "La droite sénatoriale va nous recentrer", confie un macroniste. Une position d'arbitre dont certains n'osaient plus rêver au vu des débats à l'Assemblée.