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Présidentielle 2022 : "Manœuvre", machine à voter... Le vote par anticipation sème la zizanie

ÉCLAIRAGE - Un amendement déposé en catimini par le gouvernement, au Sénat, a déclenché les foudres de l'opposition. L'exécutif souhaite instaurer un vote par anticipation pour 2022. Pourquoi ? Comment ? Explications.

Emmanuel Macron, le 8 février 2021
Crédit : CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
Marie-Pierre Haddad
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Une annonce qui a provoqué une secousse politique. Tant sur le fond que sur la forme. Le 16 février au soir, les sénateurs ont eu l'étrange surprise de découvrir un amendement déposé par le gouvernement afin de permettre le vote par anticipation pour l'élection présidentielle de 2022. Il s'agirait, s'il est adopté, d'une première en France. 

"J'ai découvert l'existence de cet amendement grâce à une petite souris au Sénat. Personne n'avait été mis dans la boucle", s'étonne un élu de premier plan dans les colonnes du Parisien. Du côté de l'exécutif, on commence à prendre conscience d'un "problème de méthode". "Ce raté offre la possibilité à l'opposition de nous accuser de tripatouillage", souffle-t-on à Libération.

C'est effectivement l'angle d'attaque choisi par l'opposition. Le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau charge le gouvernement et dénonce "une manœuvre politicienne". "C'est évidemment un amendement qui est décidé à l'Élysée et qui poursuit un objectif en faveur d'Emmanuel Macron", a-t-il déclaré à l'AFP. 

Que contient l'amendement ?

L'amendement donne la possibilité aux électeurs de demander à voter de manière anticipée "dans l'un des bureaux ouverts à cette fin". Une liste de communes serait donc arrêtée par le ministre de l'Intérieur. Le vote anticipé aurait lieu à une date fixée par décret et se déroulerait durant la semaine précédant l'élection présidentielle. Autre particularité : ce vote par anticipation serait effectué sur une machine à voter

L'exécutif met en avant, à travers cet amendement, sa volonté de lutter contre l'abstention. "Quand on voit le chiffre de la participation qui baisse d'élection en élection, on ne peut pas s'en satisfaire", estime-t-on au sein du gouvernement auprès de Libération.

Dans l'objectif de moderniser la vie publique, Emmanuel Macron avait promis lors de la campagne de 2017 de "généraliser le vote électronique pour 2022". "Nous avons besoin de numériser notre démocratie, en instituant un vote électronique qui élargira la participation, réduira les coûts des élections et modernisera l’image de la politique", pouvait-on lire dans le programme du candidat En Marche. Mais aucune mention n'est faite d'un vote par anticipation

Pourquoi ce débat intervient-il maintenant ?

La décision de déposer un amendement pour ouvrir la voie au vote par anticipation est "le fruit d'un arbitrage qui a été pris la semaine dernière directement entre le Premier ministre et le Président", raconte un macroniste au Parisien

Depuis plusieurs mois, la situation sanitaire liée au coronavirus pousse de nouveaux débats concernant le déroulement des élections. Vote par anticipation, vote électronique, vote par correspondance... "Ils avaient dit non à tout, notamment sur le vote par correspondance, alors ils voulaient envoyer un signal pour montrer qu'ils n'étaient pas archaïques", ajoute-t-on auprès du journal. Moderniser la vie publique donc.

Le timing de cette annonce laisse à désirer et apporte de la substance au discours de l'opposition. "Ils n'ont pas le temps d'instaurer la proportionnelle, mais ils ont le temps de magouiller un vote anticipé. Pour nous, c'est hors de question", a dénoncé Marine Le Pen sur Twitter.

La colère de Gérard Larcher

Au Sénat, l'amendement du gouvernement ne passe pas. Dans les colonnes du FigaroGérard Larcher hausse le ton. "L'exécutif ne peut pas traiter le Parlement de la sorte. Cet amendement aurait ­mérité quelques consultations préalables. Je rappelle que l'élection prési­dentielle est la 'clef de voûte' de nos institutions", a indiqué le président de la chambre haute.

Selon ce ténor de la droite, au-delà de la forme qui laisse à désirer, c'est aussi le fond du projet n'est pas au point. "Trop de questions restent sans réponses", peste-t-il. "Combien de communes seraient concernées par ce vote anticipé ? Quelle serait la date du scrutin anticipé ? Quant à l'utilisation des machines à voter, le gouvernement devrait savoir qu'elles sont soumises à moratoire depuis 2008, en raison d'interro­gations sur leurs conditions de sécurisation", égraine-t-il. 

Des interrogations sur la sécurisation du scrutin

Aujourd'hui, seules 66 communes sont équipées de machines à voter. Le Conseil constitutionnel a, quant à lui, alerté à de nombreuses reprises sur les risques de fraude liés à leur utilisation.  

La sécurisation du scrutin est du ressort du ministère de l'Intérieur. Le sénateur LR Stéphane Le Rudulier, rapporteur du projet de loi avec Gérald Darmanin raconte à Libération avoir trouvé le locataire de la place Beauvau était "très embêté". "Je lui ai soulevé le problème philosophique du vote anticipé, en lui expliquant que ce serait difficile de le faire passer au Conseil constitutionnel. Si quelqu'un vote le mardi et que le mercredi se produit un événement qui change le cours de l'élection, vous imaginez ? Il m'a semblé qu'il était d'accord avec moi", détaille-t-il.
Face à ce constat, il semble nécessaire pour l'exécutif de rectifier le tir. "Tout cela va s'ensabler tranquillement", prédit un député La République En Marche après ce pataquès. La droite sénatoriale a déjà prévenu qu'elle voterait contre l'amendement. 

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