Une fin de quinquennat digne d'un long fleuve tranquille ? Ce mirage semble s'éloigner à mesure qu'Emmanuel Macron entame les derniers mois de sa présidence avant l'élection présidentielle de 2022. Le président l'a déjà répété à plusieurs reprises : il remplira la mission confiée par les Français "jusqu'au dernier quart d'heure".
Et on peut déjà sentir que celui-ci ne sera pas de tout repos. Après des élections régionales catastrophiques pour le parti présidentiel et sa majorité, Emmanuel Macron a fait le choix de ne pas en tirer de conclusions nationales et de miser sur l'économie pour lancer sa campagne pour 2022.
Mais c'était sans compter le risque d'une quatrième vague de coronavirus qui resurgit et qui renvoie le gouvernement au cœur de la crise sanitaire. Fidèle à lui-même, Emmanuel Macron est sur plusieurs fronts : quid de la vaccination obligatoire des soignants, la réforme des retraites fait son grand retour, La République En Marche est en proie au doute et cherche à se réinventer, sans oublier l'élection présidentielle de 2022 qui s'approche à grands pas.
La vaccination contre le coronavirus devait être la solution pour éviter les rebonds de l'épidémie dans l'Hexagone. Après la légèreté des jours heureux qui ont accompagné les différentes phases de déconfinement, le ton se durcit et les mots s'aggravent dans la bouche des politiques. Invité du Grand Jury RTL, Le Figaro, LCI, François Bayrou a même alerté sur les variants. "Je vis avec une hantise en face de ce virus, c'est qu'un jour une mutation fasse que le virus devienne extrêmement nocif pour les enfants", a indiqué ce proche d'Emmanuel Macron.
Olivier Véran lui prépare les esprits à l'arrivée d'une quatrième vague avant septembre. "L'exemple anglais montre qu'une vague est possible dès la fin juillet. Nous pouvons la limiter et en limiter l'impact sanitaire : gestes barrières, vaccin, tester/alerter/protéger", a-t-il mis en garde. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal dresse le constat que "depuis un peu moins d'une semaine, l'épidémie regagne du terrain, le variant Delta qui est particulièrement contagieux, particulièrement inquiétant, gagne du terrain très rapidement".
C'est le propre des situations de crise, les inquiétudes s'accumulent et les incendies à éteindre se multiplient. Le plafond de verre vaccinal est l'autre inquiétude de l'exécutif : comment convaincre les soignants de se faire vacciner ? Dans une tribune publiée dans Le Journal du Dimanche, 96 médecins, dont des chefs de service devenus des figures médiatiques de la pandémie, ont demandé au gouvernement "de prendre dès à présent la décision d'obligation vaccinale" pour tout salarié d'un Ehpad ou d'un hôpital "(s')exposant ou exposant les personnes dont elle est chargée à des risques de contamination" au coronavirus.
Le taux de vaccination des soignants plafonne à 57% dans les Ehpad et 64% à l'hôpital, selon les chiffres publiés par la Fédération hospitalière de France. Ce niveau "reste clairement insuffisant", selon le "Monsieur vaccin" du gouvernement, Alain Fischer. Ce dernier déclenche l'alarme : "Pour ces professionnels, on a atteint ce point de dernier recours" de l'obligation.
La crise sanitaire a presque fait oublier l'un des grands chantiers du quinquennat d'Emmanuel Macron : les retraites. Le sujet fait son retour, à mesure que l'élection présidentielle de 2022 approche. Dans Le Figaro, Jean Castex avait résumé tout l'enjeu pour le président et l'exécutif : "Il faut la faire, mais il faut aussi choisir le bon moment". Et pour cibler la bonne fenêtre de tir, "il faut se poser la question de l'intérêt de la France, d'abord, mais aussi de la situation sociale et psychologique des Français en sortie de crise", estimait le premier ministre fin juin.
"La question n'est pas si, mais quand", avait indiqué le président de la République en Conseil des ministres. C'est là que les avis divergent dans l'entourage du chef de l'État. Selon François Bayrou, "la période électorale n'est pas favorable pour faire passer à la va-vite une réforme (...) J'ai toujours pensé qu'une réforme difficile comme la réforme des retraites, n'a qu'un moyen de passer sans bloquer le pays : il faut dire qu'au terme de sa préparation, c'est les Français qui choisiront par référendum".
Autre proche qui murmure à l'oreille d'Emmanuel Macron : Richard Ferrand. Le président de l'Assemblée nationale invite à la prudence sur la question des retraites. "Je veux toujours une réforme qui réduit les inégalités en mettant fin notamment aux régimes spéciaux et qui ouvre de nouveaux droits aux jeunes, aux femmes", affirmait-il dans Le Journal du Dimanche. Pour lui, "la réforme des retraites ne saurait être abandonnée (...) Réaffirmons clairement ce que nous voulons faire et engageons-nous à ce que ce soit notre première réforme du second quinquennat d'Emmanuel Macron".
Au gouvernement, Bruno Le Maire veut éviter tous conflits sur le sujet des retraites. "Dédramatisons ce sujet et faisons sereinement les avancées qui sont nécessaires pour garantir notre niveau de vie", a insisté le ministre de l'Économie sur LCI. "On peut faire sereinement une réforme des retraites, sans brutalité", "progressivement" et "en tenant compte de la situation individuelle de chacun", a-t-il expliqué, préconisant de "ne pas perdre de temps". Reste à savoir si Emmanuel Macron s'attaque à ce chantier colossal avant 2022.
Conséquence directe des élections régionales : La République En Marche est de plus en plus affaiblie. Les langues se délient et critiquent le manque d'ancrage territorial du parti et sa difficulté à exister depuis les élections législatives de 2017. Là encore, François Bayrou n'a pas hésité à mettre les pieds dans le plat : le président du MoDem a qualifié de "coup de semonce" des résultats du scrutin.