Emmanuel Macron collectionne les faux-pas depuis quelques jours. Que se passe-t-il ? Il se passe que le leader de "En Marche !" est comme une comète. Une comète qui est en train d'entrer dans l'atmosphère. Alors ça chauffe. Et comme pour une comète, soit ça passe et elle survit, elle gravite autour du soleil tranquillement ; soit ça explose, ça se fragmente.
On est dans ce moment où Emmanuel Macron est en pleine zone de turbulences. On l'a vu ces derniers jours. Que de contradictions, que d'incohérences ! Entre sa position sur le cannabis - qui est passée de la dépénalisation à la tolérance zéro -, ses propos sur le mariage homosexuel - où il juge que les anti-mariages ont été humiliés, mais dans le même temps s'estime favorable à la PMA pour les couples de femmes -, et ses déclarations sur la colonisation, c'est un festival.
Dire que la colonisation a été "un crime contre l'humanité", après avoir dit qu'il y a eu des bienfaits dans la colonisation, avouez que c'est assez déroutant. Sans compter que c'est un sujet évidemment trop explosif pour le manier dans une campagne électorale. Sortir de cette séquence en convoquant le général de Gaulle, et en formulant une espèce de demande de pardon aux pieds-noirs en disant "Je vous ai compris", qui est justement un malentendu historique, c'est ajouter de la maladresse à la maladresse.
Emmanuel Macron a sous-estimé le côté "nitroglycérine" du sujet. De la part d'un homme qui est censé maîtriser l'art du verbe, qui passe son temps à convoquer les philosophes, on se dit que là, on l'a perdu Houston!
L'intéressé accuse le coup dans les sondages. Ce n'est plus l'enthousiame dses débuts. Que doit-il faire ? Déjà qu'il arrête de se mesurer à l'Histoire et qu'il se consacre aux problèmes concrets des Français. Il a fait, en fin de semaine dernière, des propositions en matière de sécurité et de justice, qui sont totalement passées à la trappe à cause de cette polémique sur la colonisation.
Il faut aussi qu'il arrête de penser qu'il doit donner une réponse à toutes les questions qui n'ont pas été résolues pendant cinquante ans. Il faut qu'il arrête de croire qu'il peut refaire le monde. Il faut aussi qu'il arrête de vouloir séduire la Terre entière, de vouloir donner une réponse à chaque morceau de son électorat potentiel, cette mosaïque de droite, de gauche et du centre. Parce qu'en essayant de contenter les uns, il laissera les autres sur le carreau, et vice-versa.
C'est Emmanuel Macron qui a le pourcentage d'électeurs "certains de voter pour lui" le plus faible. Cela signifie que la carte Macron est plaisante, elle est rafraîchissante, mais de là à la mettre dans l'urne. Il faut enfin qu'il arrête de réfléchir à voix haute. Dans une campagne, il faut que les électeurs s'y retrouvent, qu'ils comprennent où veut aller un candidat, qu'ils comprennent sa vision et sa pensée.
Alors, lui dit que sa pensée est "complexe" et que tout ne peut pas se résoudre simplement. Peut-être. Mais il va devoir quand même peser ses mots, éviter les contradictions et les aller-retour. Parce qu'avoir une pensée complexe, cela peut-être un atout, mais aussi un défaut quand l'électeur s'y perd.
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