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Pourquoi le Rassemblement national pousse pour une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale

Même si Marine Le Pen et Jordan Bardella ont décidé de se rendre à Matignon, ce mardi 2 septembre, l'ère Bayrou est, à leurs yeux, révolue. Le Rassemblement national maintient sa volonté de voter contre la confiance au Premier ministre et plaide pour une dissolution.

Jordan Bardella, lors de la conférence de rentrée du Medef, le 28 août 2025

Crédit : Carine Schmitt / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Marie-Pierre Haddad

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La messe est dite pour le Rassemblement national. Le mardi 2 septembre, Marine Le Pen et Jordan Bardella seront reçus à Matignon par François Bayrou. Une ultime tentative pour le Premier ministre de renverser la vapeur, avant le vote de confiance des députés le 8 septembre.

Mais les diverses prises de parole du chef du gouvernement n'y changeront rien : "Nous voterons contre sa demande de confiance", a martelé le vice-président du RN Sébastien Chenu lors du Grand Jury RTL, Public Sénat avec Le Figaro et M6 dimanche 31 août.

"C'est François Bayrou lui-même qui a avancé un peu le calendrier puisque cette demande de confiance n'était pas prévue (...) Il est en cela d'ailleurs prescripteur d'une crise politique, peut-être même d'ailleurs économique. Il en est en tout cas l'accélérateur", a affirmé le député du Nord.

Si le parti présidé par Jordan Bardella dit avoir tourné la page Bayrou, c'est afin de se projeter dans "l'après 8 septembre". Le 26 août sur TF1, le président du parti a laissé deux options à Emmanuel Macron : soit une "dissolution" de l'Assemblée nationale, soit une "démission" du président de la République "pour sortir de l'impasse".

Un front républicain fissuré ?

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Si le RN pousse pour l'option de la dissolution, c'est parce que le parti y voit la possibilité de grossir ses rangs à l'Assemblée. "La dernière fois, on a fait 11 millions de voix. Le potentiel électoral est là", a estimé Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN à l'Assemblée aux Échos

Selon un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche, le parti présidé par Jordan Bardella arrive en tête des intentions de vote, avec 31%. Dans l'hypothèse où la gauche est unie, elle obtiendrait 23,5% des suffrages. Le bloc central Ensemble (Renaissance, MoDem et Horizons) ne recueillerait que 14% des voix. Les LR obtiendraient de leur côté 10,5% des voix.

Le RN vise surtout le second tour. Selon François Bayrou, le front républicain "n'aura pas lieu" en cas de législatives anticipées. Un élément observé dans l'étude Elabe. Le front républicain qui a eu pour conséquence d'avoir privé le RN de plusieurs dizaines de députés, est rejeté par 53% des électeurs sondés. Parmi eux, 31% sont issus d'Ensemble et 19% du Nouveau Front populaire. 

Nous serons prêts, nous aurons tous les candidats

Julien Odoul, député RN à l'AFP

Afin de ne pas être pris de court par Emmanuel Macron, le Rassemblement national a actualisé son "plan Matignon". Les investitures pour d'éventuelles législatives ont déjà débuté. "Nous serons prêts, nous aurons tous les candidats", a assuré le député RN Julien Odoul à l'AFP, chargé de chapeauter cette mission avec son collègue Thomas Ménagé. 

Dans le détail, la majorité des 123 députés sortants devraient être réinvestis par le parti. Même si une députée ne manque pas de rappeler que la validation ultime viendra de la cheffe du groupe. "C'est Marine qui décidera de ça en temps voulu", précise-t-elle à l'AFP.

Le cas Bardella

Une nouvelle dissolution aurait un impact sur la carrière personnelle de Jordan Bardella. Dans l'hypothèse où le RN obtient une majorité absolue à l'Assemblée nationale, soit 289 députés minimum, ce dernier pourrait s'assurer un poste de Premier ministre, comme le veut la tradition républicaine.

"Il ira à Matignon s'il a le nombre de députés qui lui permettent d'avoir la confiance de l'Assemblée nationale et une majorité absolue", a affirmé Sébastien Chenu, le vice-président du Rassemblement national et député du Nord dans Le Grand Jury.

En 2024, Jordan Bardella avait mené la campagne des législatives anticipées, sans être candidat au scrutin, puisqu'il venait d'être réélu député européen. Cette fois-ci, le patron du parti pourrait devenir candidat et mettre un terme à son mandat au Parlement européen. "Si l'envie lui venait de venir dans l'arène politique des législatives, il y serait le bienvenu et tout le monde serait sur le pont !", a-t-il souligné Sébastien Chenu. 

Le cas Le Pen

La dissolution pourrait permettre au RN d'approcher la majorité relative à l'Assemblée, mais elle aurait aussi une conséquence sur le destin de Marine Le Pen. Condamnée à 4 ans de prison pour détournement de fonds publics, la députée du RN est sous le coup d'une peine d'inéligibilité à exécution provisoire.

En juillet, dans les colonnes du Parisien mi-juillet, Marine Le Pen déclarait qu'en cas de législatives anticipées, elle "irait défendre [sa] candidature auprès des instances chargées de la valider (le tribunal administratif puis le Conseil d’État)". "Cela me permettra de déposer une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), que j’ai déjà rédigée, au sujet de l’exécution provisoire de l’inéligibilité", avait-elle précisé.

Comme l'indique Public Sénat, le Conseil constitutionnel avait émis, dans une décision du 28 mars, une réserve sur l'interprétation de l'application de l'exécution provisoire d'un élu local de Mayotte. Marine Le Pen espère bénéficier de la même situation. Elle trancherait ainsi plus tôt la question de sa candidature, au lieu d'attendre son procès en appel en 2026 qui lui laisserait peu de marges de manœuvre pour l'élection présidentielle de 2027. 

Au micro de RTL, le député RN des Bouches-du-Rhône, Franck Allisio, a indiqué qu'il y avait "des possibilités juridiques". "Nous explorerons toutes les voies, nous épuiserons toutes les possibilités", a-t-il expliqué. "On ne va pas abandonner la leader de l'opposition, celle qui est en tête dans les sondages, celle qui inspire le plus de confiance aux Français pour leur avenir, notre candidate naturelle pour la présidentielle", a-t-il détaillé. "L'inéligibilité, c'est l'affaire des Français", a-t-il encore ajouté.

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