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Dissolution de l'Assemblée nationale : pourquoi la première a popularisé une expression bien connue
C'est le roi Louis XVIII qui est le premier à dissoudre l'Assemblée, en 1816, alors que les élections d'août 1814 donnent à la surprise générale 350 sièges sur 400 aux ultra-royalistes.
L'hémicycle de l'Assemblée nationale (illustration)
Crédit : BERTRAND GUAY / AFP
Dimanche 9 juin, en réaction aux résultats des élections européennes et le score historique du Rassemblement national, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. La toute première dissolution a d'ailleurs popularisé une expression bien connue : "être plus royaliste que le roi". Et c'est donc la France qui est à l'origine de cette invention, en 1816, lors de la toute première dissolution d'assemblée du monde.
C'est d'abord Napoléon qui a eu l'idée de dissoudre l'Assemblée sous le Consulat, espérant garder la main sur les deux chambres parlementaires. Par un mécanisme un peu retors, il n’y a que lui, alors Premier Consul, qui pouvait prononcer cette dissolution. C’était un moyen de jeter les bases du Premier Empire, d’instaurer un régime autoritaire sans que cela se voie trop.
La preuve, si une des deux Assemblées était dissoute, il n’y avait aucun délai prévu pour en faire élire une autre. En fait, la dissolution, c’était alors une punition. Qui renvoyait au Moyen Âge où le roi avait le droit de révoquer à sa guise les conseils de nobles et de religieux qui l’entouraient.
Sauf que Napoléon ne l'a pas utilisée. Le premier à dissoudre l'Assemblée, en 1816 donc, c’est le roi Louis XVIII. La monarchie vient d’être restaurée en France après les Cent Jours et le bref retour de Napoléon au pouvoir marqué par la défaite à Waterloo. La dissolution est alors un moyen de garantir que la chambre des députés n’empiète pas sur les prérogatives royales. Sauf que Louis XVIII va l’utiliser pour la première fois pour une tout autre raison.
Tenir compte de la Révolution française
Les premières élections en août 1814 donnent, à la surprise générale, 350 sièges sur 400 aux ultra-royalistes. Comme leur nom l'indique, ces derniers veulent revenir à un régime monarchique à l’ancienne, où le monarque est considéré comme un saint et où seule la noblesse est autorisée à diriger sous la direction du roi. D’où leur surnom de "Chambre introuvable " : sur le papier, c'était une assemblée que même dans ses rêves les plus fous, Louis XVIII ne pensait pas avoir !
Alors pourquoi dissoudre ? Parce que ces ultra-royalistes sont tellement dominants qu’ils veulent mettre au pas le gouvernement. Bloquer tout ce qui va dans le sens du progrès démocratique et faire adopter des lois qui vont dans le sens d’un retour à une monarchie pure et dure.
Et là, on est en plein paradoxe parce que le roi Louis XVIII ne veut surtout pas ça : il est conscient que rien ne pourra plus être comme avant, qu’il faut tenir compte de la Révolution française et que le peuple ait un peu de pouvoir, sous peine à nouveau de le voir dans la rue. Et pour lui de subir le même sort que Louis XVI. Donc, pour justifier cette toute première dissolution de l’histoire de France, il reprend l’expression : "il ne faut pas être plus royaliste que le roi". Qui depuis est rentrée dans le langage populaire.
