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Robert Badinter, à la tribune de l'Assemblée nationale pour défendre l'abolition de la peine de mort en 1981
Crédit : DOMINIQUE FAGET / AFP
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"Une figure du siècle, une conscience républicaine, l'esprit français". Quelques minutes après l'annonce du décès de Robert Badinter à l'âge de 95 ans, Emmanuel Macron a salué la mémoire de l'homme politique français. L'un de ses plus grands combats politiques sera l'abolition de la peine de mort.
En 1981, il est nommé ministre de la Justice de Pierre Mauroy puis de Laurent Fabius, pendant la présidence de François Mitterrand. Le 17 septembre 1981, il défend devant l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort. Elle sera votée puis promulguée le 9 octobre.
Ce combat pour la fin de la peine de mort en France est l'aboutissement d'un combat qui a démarré il y a bien longtemps, en 1972. Robert Badinter est alors le défenseur de Roger Bontems, complice de Claude Buffet dans une affaire de prise d'otage meurtrière.
Roger Bontems est jugé pour une complicité sur un double meurtre, mais non pas pour une culpabilité. Et malgré tout, il est exécuté. Les deux hommes seront exécutés à la guillotine à la prison de la santé, à Paris.
"C'est la première fois depuis son accession à la présidence de la République que Georges Pompidou n'a pas fait usage de son droit de grâce", note Sud Ouest dans un article datant de 2022.
L'exécution de Bontems marque le début de l'engagement militant de Robert Badinter contre la peine de mort. "C'était la première fois que je défendais un homme qui encourait réellement la peine de mort et j'ai probablement découvert là ce que cela signifiait comme intensité et comme angoisse. Souvent, au réveil, à l'aube, je recherchais obsessionnellement ce qui faisait que nous avions échoué. Ils ont reconnu qu'il n'avait pas tué : pourquoi est-ce qu'on l'a condamné à mort ?", racontera-t-il sur France Culture en 2021.
"Ils ont reconnu que Bontems n'avait pas tué : pourquoi est-ce qu'on l'a condamné à mort ?", se demande-t-il, comme le relate Le Figaro. C'est un souvenir, un visage, une mémoire qui va hanter Robert Badinter et qui va le pousser à accentuer son combat pour la vie et contre la peine de mort. Ses plaidoiries sauveront six personnes, dont celle de Patrick Henry, qui un peu plus tard a été poursuivi pour le meurtre d'un enfant. Et c'est pour tout ce combat que François Mitterrand l'a choisi comme garde des Sceaux.
Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue
Robert Badinter en 1981
À la tribune de l'hémicycle de l'Assemblée nationale en 1981, Robert Badinter déclarait : "J’ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France".
"Aussi odieux que soient leurs actes, il n'est point d'homme en cette terre dont la culpabilité soit totale et dont il faille pour toujours désespérer totalement (...) Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue (...) Demain, vous voterez l’abolition de la peine de mort", ajoute-t-il.
En 2007, l’abolition est inscrite dans la Constitution par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. "Robert Badinter déclare alors : 'La peine de mort est vouée à disparaître de ce monde comme la torture, parce qu’elle est une honte pour l’humanité. Jamais, nulle part, elle n’a fait reculer la criminalité sanglante'", rappelle Le Monde.
Sur RTL, la classe politique entière salue la mémoire de Robert Badinter et son combat. "Conciliant la sagesse à la passion, il a, dans toutes les fonctions qu'il a exercées, dans toutes les causes qu'il a plaidées, fait progresser le droit et l'humanisme au plan national et international", a réagi Laurent Fabius.
Il restera dans l'Histoire pour avoir convaincu le Parlement, en 1981, d'abolir la peine de mort.
François Hollande, au micro de RTL
"Il restera dans l'Histoire pour avoir convaincu le Parlement, en 1981, d'abolir la peine de mort. C'était le combat de sa vie", a réagi l'ancien président de la République François Hollande sur RTL. "Il avait le sens de l'Histoire, c'était un homme qui ne désertait aucun combat", salue l'ex-chef de l'État.
L'ancien ministre de la Justice, Jacques Toubon, était député au moment du vote de l'abolition de la peine de mort. "À l'Assemblée nationale, j'étais un des porte-paroles du groupe RPR, qui était le premier groupe de l'opposition après la victoire des socialistes en 1981 (...) Ce qui est intéressant, c'est que j'ai souvent pris position contre les propositions qui étaient faites, les projets présentés par le gouvernement, c'était mon rôle, mais en même temps, j'avais depuis longtemps, une position sur un certain nombre de sujets que portait Robert Badinter et qui n'était pas du tout une position hostile et une position contre, et en particulier, très clairement, sur le sujet central, qui était celui de l'abolition de la peine de mort", raconte-t-il au micro de RTL.
Jacques Toubon ajoute : "Nous étions favorables, dès avant 1981, à l'abolition de la peine de mort. Donc, il n'y a pas eu là-dessus de débat. J'ajoute que, pour ma part, je l'ai fait dans des conditions assez particulières, puisque j'ai voté dans la loi présentée par Robert Badinter, l'article qui abolit la peine de mort, mais je n'ai pas voté l'ensemble de la loi, car Robert Badinter a refusé que soit instituée une peine de substitution, c'est-à-dire une peine de détention de longue durée qui serait une peine de substitution à la peine de mort. Robert Badinter a répondu : 'Je veux faire voter un texte qui soit pur, et qui soit symbolique et qui soit l'abolition de la peine de mort, je ne veux rien ajouter'".
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