"Moine-soldat" : quelle réalité historique se cache derrière l'expression utilisée par Sébastien Lecornu ?

"J'ai un côté moine-soldat. Ce soir, je considère que ma mission est terminée". Avant d'être renommé Premier ministre, le vendredi 10 octobre, Sébastien Lecornu indiquait, deux jours plus tôt dans le 20h de France 2, que sa "mission" était "terminée" après 48 heures de tractations avec les chefs des différents partis.

Le locataire de Matignon avait alors évoqué la philosophie du "moine-soldat" pour clore cet étonnant chapitre politique. Mais qu'est-ce que cela signifie exactement ? Ce concept - vieux de 1.000 ans et impulsé par un religieux, Saint Bernard de Clairvaux - fait référence à l'époque des Croisades et de l'Ordre des Templiers.

L'idée de l'époque était de combiner la vie monastique et le combat armé des ecclésiastiques capables de mener des guerres au nom de la religion, puis de revenir au monastère une fois la mission terminée. Pour résumer, il s'agit de fidèles qui tuent pour servir leur religion. Autre caractéristique de ces moines soldats, ils vivaient reclus dans des monastères.

"J'ai trouvé ça très maladroit"

Plus habitué aux costumes tirés à quatre épingles qu'au robe de moine, Sébastien Lecornu a surpris les commentateurs politiques en employant cette expression du XIIe siècle. Bien loin de l'Ordre des Templiers, le dictionnaire Larousse donne, lui, une définition davantage dans l'air du temps : "Militant inconditionnel d'une cause, d'un parti".

Questionné à ce sujet, l'ancien conseiller de François Hollande, Gaspard Gantzer, a expliqué au micro de RTL que "les hommes politiques cherchent en permanence à trouver des images, à montrer de la loyauté presque au sens de la dévotion". Habitué aux situations de crise, le haut fonctionnaire regrette malgré tout l'utilisation d'un vocabulaire "guerrier". "J'ai quand même trouvé ça très maladroit parce qu'on n'a pas besoin d'en rajouter sur le côté guerrier de la situation".

Mobilisé sur le front pour former le gouvernement Lecornu II, le locataire de Matignon a affirmé lors de sa renomination - sur son compte X vendredi - qu'il acceptait cette "mission" "par devoir". Un vocabulaire souvent attribué aux militaires. Alors cette fois, faut-il y voir un clin d'œil à son ancien ministère, celui des Armées ?