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Affiches du Rassemblement National pour les législatives 2024
Crédit : PHILIPPE LOPEZ / AFP
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À trois jours de second tour des législatives, le climat de la campagne devient pesant, voire violent dans certaines circonscriptions. La rédaction de RTL a comptabilisé au moins 13 agressions d'élus ou de militants depuis le début de la campagne, dans toute la France. Ces agressions concernent toutes les formations politiques de droite, du centre, de gauche, d'extrême droite, d'extrême gauche.
Cela a débuté tôt dans la campagne. Quatre jours seulement après l'annonce de la dissolution, c'est Hervé Breuil, candidat RN dans la Loire, qui en a fait les frais. L'homme raconte avoir été bousculé, insulté et avoir reçu de l'eau, de la farine, des fruits pourris sur un marché. Il a même été hospitalisé.
Mercredi 3 juillet, c'est l'équipe de Prisca Thévenot qui a été agressée, et deux jours plus tôt, ce sont quatre colleurs d'affiches pour le nouveau Front populaire qui ont été aspergés de gaz lacrymogènes par des militants d'extrême droite à Paris. En Isère, jeudi 4 juillet, un soutien d'Olivier Véran, un colleur d'affiches, a été violemment frappé à la tête par un militant d'extrême gauche.
Une violence physique, mais également verbale à travers de violentes insultes et des menaces. La candidate de la majorité, Shannon Seban, dans le Val-de-Marne, a dénoncé des insultes antisémites. Des militants LFI en Loire-Atlantique ont eux subi des insultes homophobes et puis en Savoie, la candidate du RN Marie Dauchy, toujours sur un marché, assure carrément avoir été menacée de mort.
La violence en politique a toujours existé. Des tracts déchirés sous vos yeux, des affiches arrachées, des discussions parfois animées, les politiques ont l'habitude. En 2017, il y a déjà eu des agressions pendant la campagne. Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP, avait été prise à partie et même victime d'un malaise lors d'un tractage. En 2022, c'est la candidate LFI Raquel Garrido, qui avait été aspergée, avec du gaz lacrymogène à bout portant.
Mais cette campagne est plus intense et elle se place dans un contexte où les violences verbales et physiques à l'encontre des élus augmentent. Les chiffres sont supérieurs d'une année sur l'autre. En 2023, on en recensait plus de 2.400 dans toute la France, une hausse de plus de 15% par rapport à 2022.
Mais le contexte autour de ces dernières élections est assez particulier. Un membre de l'équipe de campagne de Renaissance a confié que parfois, les affiches ne tenaient même pas 30 minutes sur les panneaux électoraux avant d'être recouvertes ou simplement arrachées. Comme si en l'espace d'un mois, les Français avaient voulu régler leur compte avec sept ans de frustration, voire plus.
Olivier Véran, ancien porte-parole du gouvernement et surtout un ancien ministre de la Santé pendant la crise du covid-19, a mesuré cette nouvelle tension par rapport à sa précédente campagne. Il est la cible d'insultes quotidiennes et entend des discours complotistes, "antivax" qui vont, parfois, jusqu'à la menace physique.
Sur le terrain, il y existe trois types de phénomènes. D'abord, une forme de libération de la parole, raciste, antisémite, alimentée aussi par des propos de plus en plus décomplexés dans les interviews. Il y a également un phénomène de brutalisation de la société, parfois même revendiquée et assumée par certains partis politiques, notamment par certains députés de la France Insoumise à l'Assemblée, très actifs sur les réseaux sociaux. Reste les complotistes, les antivax, pour qui une campagne, c'est toujours du pain béni.
Pour se protéger, les élus font comme ils peuvent et demandent à des soutiens, des colistiers ou encore des bénévoles d'assurer eux-mêmes la sécurité dans les réunions publiques ou sur les marchés. Ils sont aussi obligés de changer leurs habitudes : ne pas donner l'adresse d'un meeting, communiquer seulement à posteriori un porte-à-porte, ou même coller des affiches dans la nuit pour être sûr de ne pas être suivi.
Sur les réseaux sociaux, les menaces se font aussi de plus en plus nombreuses, c'est même impossible de les comptabiliser tellement il y en a dans les commentaires de vidéos, dans les partages. N'importe quelle interview politique diffusée sur Twitter, est accompagnée en commentaires de messages de haine, d'insultes et de menaces.
C'est sans compter, le clip de rap contre le RN intitulé "No pasaran" diffusé sur YouTube, où Marion Maréchal et Marine Le Pen sont menacées de viol. La députée sortante RN du Pas-de-Calais a d'ailleurs annoncé qu'elle porterait plainte. Il y a également eu ce partage récent, assez massif, de cette chanson "Je ne partirai pas", une musique créée par des militants d'extrême droite et qui enchaîne les propos haineux contre les migrants et ceux qui les aident.
Les différents responsables politiques et ministres s'inquiètent de voir cette violence s'amplifier dès dimanche soir, de manière très immédiate, juste après les résultats. Un responsable de l'actuelle majorité craint notamment qu'il y ait un déferlement de violence dans la rue si jamais l'extrême droite arrivait en tête avec des blacks blocs, des antifas, et même des émeutes dans les quartiers comme on a pu le vivre l'été dernier.
Même si rien ne permet de prédire cela à l'heure actuelle et il n'y a pas d'alerte particulière au niveau des services de police. D'autres craignent encore que cette violence s'installe dans le temps, avec des paroles racistes à la boulangerie, dans la rue et des propos homophobes complètement décomplexés.
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