Élisabeth Borne s'en est prise au Rassemblement national (RN), le qualifiant "d’héritier de Pétain", dimanche 28 mai dans un entretien à Radio J. La Première ministre, qui a aussi accusé la France insoumise de faire "le jeu de l’extrême droite", s’est attirée les foudres de Marine Le Pen. L'ancienne présidente du RN a aussitôt répliqué et a qualifié ces propos d’"infâmes et indignes". Cette sortie de la Première ministre est un énième épisode autour de la question de la banalisation de l’extrême droite. "Il était temps", soupire un ministre venu de la gauche.
"Entre l’audition de Marine Le Pen sur la Russie et leurs prétentions à choisir les journalistes, ils ont montré des failles béantes et il faut les exploiter", a ajouté ce ministre. Marine Le Pen a été entendue la semaine dernière par la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, notamment au sujet de l’octroi d’un prêt d’une banque russe en 2014 au RN (alors FN). Le parti d’extrême droite a également appelé à boycotter BFMTV, suite à l’arrivée prochaine d’une journaliste de l’émission Quotidien, diffusée sur TMC, au sein du service politique de la chaîne d’information en continu.
Cette charge de la Première ministre a surpris alors que la majorité se divise depuis des mois sur la stratégie à adopter face aux extrêmes. Mais cette sortie en déroute aussi certains. "J’avais compris que Mélenchon était notre cible principale", s’étonne un ministre. "Tactiquement, on ne peut pas avoir deux adversaires en même temps", poursuit-il. Jean-Luc Mélenchon a été visé à nouveau ces derniers jours par l’entourage d’Emmanuel Macron.
"Raison de plus de s’occuper un peu plus de Marine Le Pen", tranche un ministre. Élisabeth Borne s’interrogeait en privé il y a quelques mois sur la meilleure manière d’attaquer le RN. "L’angle d’attaque n’est pas simple", disait alors la Première ministre. Elle l’a peut-être trouvé le week-end dernier.