Élisabeth Borne sur RTL : Darmanin, Matignon, son style... Les confidences d'une Première ministre que l'on dit en sursis

Élisabeth Borne, qui va fêter mardi 16 mai sa première année à Matignon, a accordé un entretien à RTL en plein vol retour de La Réunion. La Première ministre que l'on dit en sursis à son poste veut bien entendu montrer le contraire. C'est dans l'Airbus présidentiel, qu'Emmanuel Macron lui a prêté, que l'entretien a eu lieu. Élisabeth Borne n’y a pas ses habitudes, ses équipes non plus.

La Première ministre est en opération séduction, et ça se voit. Elle n’a jamais été aussi souriante, aussi disponible pour la presse, elle, à qui son propre camp reproche ce côté austère, bonne élève, qui ne fend jamais l’armure : "Ah mais j’assume ! Chacun son style ! Et je peux vous assurer que je suis vraiment en proximité avec les personnes que je rencontre. Je ne le fais peut-être pas sous les caméras et de façon spectaculaire, mais c'est ce que je fais en continu".

Et on a vu sur l’île de La Réunion qu’elle essayait de se faire violence, d’être un peu plus avenante, d’aller saluer, échanger quelques banalités dans la rue ou sur les marchés, mais ce n’est pas encore tout à fait ça. Élisabeth Borne est une femme de dossiers plus que de selfies, mais c’est sûrement l’inverse qui aurait été plus grave.

Les syndicats de retour à Matignon

Élisabeth Borne a noté que les joueurs de casserole étaient de moins en moins nombreux à l’attendre sur le terrain. Pour elle, c’est le signe qu’une page peut être tournée. Il va maintenant falloir convaincre la CGT, la CFDT et les autres : "Forcément, quand on a eu quelques mois de tensions, il faut reprendre le dialogue, il faut être attentif. Je pense qu'il y a une attente de leur part d'avoir des assurances sur la méthode, sur le fait qu'on leur laisse bien toute leur place."

Et d'ajouter : "Je suis vraiment à leur écoute, parce qu'il y a beaucoup de sujets sur l'emploi des seniors, mais aussi sur les parcours professionnels, sur les rémunérations, sur la possibilité de changer de métier au cours de sa vie professionnelle. C'est d'abord aux organisations patronales et aux organisations syndicales de construire ces réformes. Et moi, j’ai pris un engagement, c’est que dès lors qu’il y a un accord entre les organisations syndicales et patronales, je m’engage à le retranscrire fidèlement dans la loi."

Ça sent quand même beaucoup la méthode Coué. La réalité, c’est que les syndicats s’accrochent encore à une proposition de loi centriste, pour abroger la réforme des retraites, ça sera le 8 juin à l’Assemblée, et là Élisabeth Borne sort la sulfateuse : "Vous voyez, ça abîme un peu la politique de laisser croire aux Français qu’on peut voter comme ça, en 24 heures, l’abrogation de la réforme des retraites en créant un trou gigantesque dans notre système de retraites, que ce n’est pas grave de dépenser des milliards sans expliquer d’où ils viennent."

Elle poursuit : "Est-ce que c’est l’argent de l’Éducation nationale que l’on doit retirer pour financer ces dépenses que proposent le groupe Liot ? Est-ce que c’est l’argent de la transition écologique ? Vraiment je vous dis, ce n’est pas ma façon de faire de la politique."

Je suis déterminée à apporter des résultats pour les Français, il n’y a que ça qui m’intéresse

Élisabeth Borne sur RTL

Emmanuel Macron ne prononce presque jamais son nom, vous y ferez attention la prochaine fois. Et puis il ne lui fait pas toujours de cadeaux. Par exemple, elle lui a demandé plusieurs fois de pouvoir remanier son gouvernement, il n’a jamais dit oui. Et quand on lui demande de confirmer. Élisabeth Borne répond soigneusement à côté.

Il y a aussi le cas Gérald Darmanin. Ces deux-là n’ont rien en commun, s’agacent mutuellement, "C'est bien d’avoir des fortes personnalités", dit Élisabeth Borne. Comprendre : "On ne peut pas se piffrer". 

Elle sait très bien que le bal des ambitieux pour prendre sa place a commencé : "Je ne suis pas en train de m’agacer, j’avance, je regarde la direction dans laquelle on va, et je suis déterminée à apporter des résultats pour les Français, il n’y a que ça qui m’intéresse." Alors qu'on lui demande si elle n'a pas l'impression qu’on essaie de lui scier la planche en interne, elle répond, en riant : "Je pense que ça n’existe pas". Réponse tout en ironie, c’est aussi ça Élisabeth Borne.

Elle sait bien qu’elle est assise sur un siège éjectable, mais pour l’en déloger, il va falloir se lever tôt. Même si aujourd’hui, personne ne parie qu’elle pourra fêter un deuxième anniversaire à Matignon.

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