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Sébastien Lecornu, entouré de ses ministres, à Matignon, le 13 octobre 2025
Crédit : Alain JOCARD / POOL / AFP
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Une épée de Damoclès. À peine nommé, le gouvernement Lecornu II est déjà sous la menace d'une censure qui pourrait intervenir à partir du mercredi 15 octobre 2025. La France insoumise ainsi que le Rassemblement national ont indiqué avoir officiellement déposé leurs motions de censure. Elles devront être débattues et votées dans 48 heures, comme l'indique le site de l'Assemblée nationale.
Le compte-à-rebours est donc enclenché pour l'exécutif qui doit aussi se caler sur le calendrier budgétaire serré. En effet, un premier Conseil des ministres doit se tenir ce mardi 14 octobre à 10 heures à l'Élysée. Le gouvernement y présentera les deux projets de budget, de l'État et de la Sécurité sociale, afin qu'ils puissent être transmis dans les temps au Parlement.
Face à la menace d'une chute de l'exécutif, Emmanuel Macron a appelé, ce lundi 13 octobre, les forces politiques à "œuvrer à la stabilité" et non à "faire des paris sur l'instabilité". "Les forces politiques qui ont joué la déstabilisation de Sébastien Lecornu sont les seules responsables de ce désordre", a-t-il martelé. Le gouvernement Lecornu peut-il vraiment tomber ? RTL.fr a fait le calcul, en fonction des déclarations de chaque groupe politique.
Avant la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, Marine Le Pen l'avait martelé : "Je censure tout", assurant que "la plaisanterie" avait "assez duré". Refusant de se rendre à Matignon afin de discuter avec le Premier ministre, le Rassemblement national a plaidé sans relâche pour une dissolution. Contrairement au premier mandat du Premier ministre, les élus RN n'attendront pas de connaître le contenu de son discours de politique générale, avant de voter la censure.
À gauche, la France insoumise a aussi assuré que ses députés voteront la censure du gouvernement Lecornu II. "Ne déballez pas trop vite vos cartons, la censure arrive", a écrit sur X la cheffe du groupe insoumis à l'Assemblée, Mathilde Panot.
Pour faire tomber Sébastien Lecornu et son gouvernement, la majorité absolue est nécessaire, soit 289 voix. Le groupe Rassemblement national compte 123 députés, celui d'Éric Ciotti 15 élus et la France insoumise en compte 71. Cela représente donc 209 députés prêts à censurer l'exécutif.
Si l'intégralité de ces groupes décide de voter la censure de Sébastien Lecornu, il ne manquera que 80 voix, pour atteindre la majorité absolue. C'est pourquoi les regards se tournent vers le Parti socialiste. Les élus du groupe présidé par Boris Vallaud pourraient décider d'ajouter leurs voix à celles de la France insoumise afin de censurer le gouvernement de Sébastien Lecornu.
Comme lors de la nomination du gouvernement de François Bayrou, les 69 voix des socialistes seront donc décisives, alors que la pression s'intensifie sur les élus du Parti. "Le Parti socialiste doit sortir de l'ambiguïté (sur la censure, ndlr). Sont-ils avec Emmanuel Macron ou contre ?", a demandé le président du Rassemblement national Jordan Bardella.
Au sein du groupe PS à l'Assemblée, un député souhaite gagner du temps. "On ne peut pas dire tout de suite que l'on censure. On ne peut pas plonger dans le chaos et porter la responsabilité d'être ceux qui n'ont même pas essayé d'obtenir des choses", explique un élu socialiste.
De même pour les 38 députés Écologistes qui se sont, pour l'instant, gardés de partager leur décision. La patronne du parti, Marine Tondelier a écrit sur X : "Je ne commenterai pas ce soir. Tout le monde a compris ce que j'en pense". Mais au moment de la reconduction du Premier ministre, la secrétaire nationale des
Écologistes estimait qu'elle ne voyait "aucun argument pour ne pas le censurer". Les élus communistes, au nombre de 17, dont certains ont signé la motion de censure insoumise, avaient indiqué qu'il fallait un "retour aux urnes", dans la foulée de la renomination de Sébastien Lecornu à Matignon.
Au gouvernement, certains ont déjà commencé à faire des projections. "Chaque voix compte, surtout quand vous êtes à 20 voix près", a indiqué un macroniste qui, lui, scrute attentivement le groupe Liot composé de 22 députés. "Ça va dépendre d'eux aussi. C'est un groupe hétérogène qui se définit comme 'indépendant'. Ils font ce qu'ils veulent à la fin", a-t-il ajouté.
À droite, Les Républicains ont assuré leur soutien au gouvernement, ce qui devrait être synonyme d'une non-censure. De même pour les autres membres du très fragile socle commun, Horizons, le MoDem et l'UDI. Mais au gouvernement, le risque d'une censure aurait pour conséquence directe un recours à la dissolution, selon Maud Bregeon.
Invitée de RTL ce lundi 13 octobre, la porte-parole du gouvernement a expliqué que "la censure, c'est l'autoroute vers la dissolution". En coulisses, un conseiller observe deux scénarios : celui d'une bataille parlementaire sur le budget ou l'option d'un gouvernement éphémère. "Si le gouvernement dure trois jours, les ministres seront sur les marchés mercredi en train de tracter parce qu'il y aura eu dissolution".
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