Après France Soir, après les difficultés de Libération, c'est un autre journal emblématique de l'après-guerre qui est menacé de disparaître : L'Humanité, un journal avec lequel on n'est pas forcément d'accord, mais qui a été un monument de la presse. Comment en est-on arrivé là ?
Les chiffres d’abord. L’Huma, c’est moins de 33.000 exemplaires aujourd’hui, alors que le journal fondé par Jean Jaurès a vendu à plus de 350.000 il y a quelques dizaines d’années. L’Huma a un double handicap. C’est un journal "papier", et l’on sait que la presse écrite est en pleine crise. Elle ne tient que parce qu’elle est soutenue par l’État, parce que l’État soutient le pluralisme dans la presse.
L’Humanité a été particulièrement aidé par le passé. Je crois que c’est le journal, qui par exemplaire vendu, a reçu le plus d’argent. Le problème, c'est qu'aujourd'hui le journal est moins soutenu, à la fois par l'État et par les banques qui ne veulent pas lui faire de prêt.
L'Humanité n'a pas d'actionnaire. Le journal se veut indépendant, c'est la raison pour laquelle il lance un appel aux dons. Deuxième handicap, L’Humanité c’était le journal du Parti Communiste et de la CGT. La CGT s’est fait débordée et le PC survit comme il peut. C’est d’ailleurs miraculeux que L’Huma ait survécu à tout ça ! Donc vous voyez, entre l’avènement du digital, un journal qui n'a pas su se réformer, et la crise des partis traditionnels, L'Humanité n’a pas réussi à retrouver de nouveaux lecteurs.
Mais il y a plein de journaux qui ont disparu et la vie continue... La Marseillaise a disparu. La Tribune a disparu (en édition papier quotidienne*). Le Matin de Paris a disparu. France Soir, vous le disiez, le grand journal fondé par Pierre Lazareff. Oui on peut s’habituer à la disparition des journaux.
Sauf si on pense que lorsqu’une opinion n’est plus représentée, il manque quelque chose au débat. Il ne s’agit pas défendre L’Huma pour faire du corporatisme. Il s’agit de défendre la diversité des points de vue, de défendre des journalistes qui vérifient leurs infos, même avec un regard partisan.
Si l’avenir ce sont ces réseaux sociaux où on ne fait plus la différence entre info et intox, quelle désolation !
Alba Ventura
Et puis encore une fois le pluralisme, c’est la démocratie. C'est ça qu'il faut protéger, cette information, qu'elle soit traitée par France bleu Isère ou par Ouest-France ou par La Voix du Nord ou par des journalistes qui enquêtent au Venezuela ou d'autres dans la rue pour rendre compte du mouvement des "gilets jaunes".
Parce que franchement, si l’avenir ce sont ces réseaux sociaux où on ne fait plus la différence entre info et intox, quelle désolation ! Tristesse ! Vous savez, tous les matins je lis l’édito de L’Huma. On est souvent loin d’être en phase. Mais je considère que c’est une chance, un enrichissement d’être dérangé, d’être bousculé dans ses certitudes, de lire des confrères qui nous emmènent sur d’autres terrains.
* La Tribune existe toujours en version numérique et hebdomadaire papier
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