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“Quand parler de désinformation suscite la désinformation” : l’Élysée répond à CNews après la polémique sur le futur label des médias

Emmanuel Macron défend depuis plusieurs semaines l’idée d’une labellisation des sites d’information, confiée à des professionnels et destinée à mieux guider les citoyens dans un environnement saturé de fausses nouvelles. Après des propos de Pascal Praud sur CNews évoquant une dérive “autoritaire”, l’Élysée a répliqué avec une vidéo largement relayée sur X.

Bruno Retailleau, Emmanuel Macron et Pascal Praud

Crédit : AFP / Montage RTL.fr

Un label pour lutter contre la désinformation, l'Elysée répond à Cnews

00:03:07

Yasmine Boutaba

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La vidéo de l’Élysée a été visionnée plus de trois millions de fois. Publiée lundi 1ᵉʳ décembre sur le compte X de l’Élysée, la vidéo “attention fausse information” entend corriger ce que la présidence considère comme une déformation des propos d’Emmanuel Macron. L’exécutif a directement ciblé les accusations de Pascal Praud, présentateur de CNews, selon lequel Emmanuel Macron souhaiterait instaurer un label permettant de distinguer “bons et mauvais médias” pour orienter leur traitement médiatique.


Pascal Praud a également qualifié cette initiative de “tentation autoritaire”, proposant même le mot “Pravda”. La réaction de l’Élysée a été immédiate : “Attention, fausse information”, a répondu la présidence, accusant la chaîne d’alimenter une fausse polémique.


Le chef de l’État avait détaillé son projet quelques jours plus tôt auprès des lecteurs du groupe EBRA, vendredi 29 novembre, que cette labellisation ne pouvait en aucun cas être pilotée par le pouvoir politique. “Ce n’est pas à l’État de vérifier, sinon ça deviendrait une dictature”, affirmait-il. Pour lui, ce label doit être "établi par des journalistes". Il y défendait l’idée de “faire comprendre et inciter les jeunes à aller vers des médias avec des journalistes”, en insistant sur la responsabilité juridique et déontologique des rédactions, absente selon lui de nombreux sites ou réseaux sociaux.

Une salve de critiques politiques après la riposte de l’Élysée

La réponse présidentielle a déclenché une vague de réactions dans la classe politique. Sur RTL, Louis Aliot, maire de Perpignan, a dénoncé “une menace totalitaire” dès lors qu’un pouvoir évoque la question du contrôle de l’information, fustigeant par ailleurs le “côté puéril” de la vidéo de l’Élysée. “Un président ne devrait pas poster ça”, a-t-il déclaré ce mardi 2 décembre.

À écouter

Un label qui représente "une menace totalitaire" selon Louis Aliot

00:01:14

Sur X, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a, lui aussi, évoqué une “dérive” du pouvoir et un “détournement des institutions”, estimant que l’initiative démontre “pourquoi la labellisation des médias est une idée dangereuse”. Bruno Retailleau, de son côté, s’est insurgé contre un label “décidé sous l’impulsion du pouvoir”, jugeant qu’“aucun gouvernement n’a à trier les médias”. “La France n’a pas besoin d’un ministère de la Vérité”, a-t-il ironisé.

Une idée déjà mise en avant mi-novembre

La proposition présidentielle ne date pourtant pas de cette semaine. Le 19 novembre, lors d’un débat à Arras organisé par le média La Voix du Nord, Emmanuel Macron expliquait vouloir “tout faire pour qu’un label soit mis en place”, capable de distinguer les médias produisant une information vérifiée des plateformes tirant profit de contenus viraux et publicitaires. Le président insistait déjà sur le fait que ce label devrait être confié à des professionnels des médias, citant la Journalism Trust Initiative (JTI) portée par Reporters sans frontières.

Cette démarche s’inscrit dans une série d’entretiens consacrés aux effets des réseaux sociaux sur la démocratie, aux ingérences étrangères, à la protection des mineurs ou encore au cyberharcèlement. Le chef de l’État y défend une stratégie visant à aider les citoyens à repérer les contenus fiables.

Au-delà du label, Emmanuel Macron a aussi plaidé pour un renforcement des outils de détection des manipulations étrangères. Le président a souhaité amplifier les moyens de Viginum, le service chargé de surveiller les ingérences numériques. Selon lui, les systèmes d’alerte mis en place à Taïwan, territoire exposé à de fortes pressions informationnelles, pourraient inspirer de nouveaux dispositifs en France.

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