Lundi 8 avril aura lieu la première étape post grand débat. Il s'agit de la "restitution". On sait déjà beaucoup de choses sur ce qui est ressorti de ce débat auquel, pour mémoire, ont participé un million et demi de Français. Mais l’exécutif n’a pas l’intention de formaliser les choses à moitié.
Selon les informations d’Olivier Bost, c’est en effet sous la coupole du Grand Palais que le premier ministre Édouard Philippe devrait s’adresser lundi, donc, à un parterre de quelque 500 personnes, parmi lesquels des maires, des citoyens ayant participé aux conférences régionales, des ministres, les garants bien sûr, les prestataires du débat, mais aussi et c'est plus inattendu… Les directeurs d’administration centrale.
Tous ont été convoqués, via un courrier envoyé ce lundi par les deux ministres en charge de l’organisation du grand débat, Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon. "Il ne faut pas y voir une forme de défiance", assure Matignon ce matin à ce sujet dans les colonnes du Parisien, Matignon qui assume pourtant de vouloir leur faire entendre "en direct la parole des Français".
Il faudra les secouer fortement
Un membre du gouvernement à propos des directeurs d'administration centrale
Certains proches du Premier ministre sont plus cash, comme ce membre du gouvernement qui assénait hier : "Leur mue n’a pas été faite. Ils n’ont pas la culture du résultat, il faudra les secouer fortement". Si ça, ce n'est pas de la défiance, c’est au minimum un gros coup de pression.
D'autant que l'exécutif a l'administration dans son viseur depuis un petit moment. Dès novembre dernier, à la veille de la première mobilisation des "gilets jaunes", le chef de l’État lui-même était monté au créneau sur ce sujet, sur TF1, au micro de Gilles Bouleau. L’objectif était clair : "Réconcilier la base et le sommet", en pointant du doigt les prétendus "empêcheurs de réformer", en l’occurrence les administrations centrales.
Il leur demandait, notamment, d’être plus "sur le terrain". Le porte-parole du gouvernement de l’époque, Benjamin Griveaux, en avait remis une couche le lendemain en leur reprochant ouvertement leur "vision un peu parisienne, un peu jacobine de ce qui se fait en région". Il faut dire que déjà à l’époque certains dans l’exécutif se mordaient les doigts de ne pas avoir donné aux administrations centrales le coup de balai promis par le chef de l’Etat. Mais crise des "gilets jaunes" oblige, au mois de décembre dernier Emmanuel Macron a renoncé à annoncer les grandes lignes de sa réforme de devant les principaux intéressés. Elle serait pourtant "toujours d’actualité", m’a assuré benoîtement un conseiller de Matignon.
Sauf que s'attaquer à la technostructure, ce n'est pas du goût de tout le monde, à La République en Marche. "J’attends le moment où Lecornu pointera du doigt les responsables ! Sur le thème : les "gilets jaunes" ? C’est à cause d’eux ! Ils pourraient faire comme à l’école des fans et leur mettre des notes sur un petit panneau. C’est le grand débat-lage", ironisait par exemple hier un directeur de cabinet pourtant peu soupçonnable d’anti-macronisme.
Déjà cet hiver un communicant qui a ses entrées à l’Élysée me confiait : "La catastrophe ce serait de vouloir faire peuple, de braquer, de brutaliser les hauts fonctionnaires, de faire l’alliance de l’inspecteur des finances et du postier".
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