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"Je ne veux pas aller plus loin. Je crains pour ma vie", persécuté, le maire d'un petit village cherche à démissionner à tout prix

L'édile d'une commune de 160 habitants dans le Jura souhaite achever son mandat avant la fin. Victime de menaces de mort et d'intimidations à répétition, lui et quatre de ses adjoints ont présenté leur démission.

Le maire démissionnaire devant le parvis de la mairie

Crédit : Frédéric Perruche/RTL

Un maire d'un village de 160 habitants démissionne sous la menace

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Frédéric Perruche - édité par Guillaume Cros

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Montfleur est une petite commune rurale de 160 habitants située dans le Jura. Sur la carte postale, il s'agit d'un village paisible, entouré de collines, bordé de forêts. Mais gare à l'envers du décor...

Une crise politique divise la commune depuis plusieurs années. Le maire Jean-Claude Nevers, âgé de 77 ans et élu depuis 2014, vit un calvaire : des lettres de menaces anonymes, des voitures d'élus incendiées ou encore des tombes profanées. 

Le maire et quatre de ses adjoints et conseillers municipaux ont pris la décision de démissionner pour dénoncer un climat devenu invivable.

"C'est la seule solution, se résout Jean-Claude Nevers. Il fallait qu'on provoque quelque chose pour que l'ensemble du village prenne conscience de la réelle situation."

Ils ont descellé la stèle de mon mari dans le cimetière. Puis, il y avait des tags avec des cibles sur la tombe. Cela s'adressait à moi

Jacqueline Aurine, adjointe au maire de Montfleur

Une habitante est stupéfaite d'une pareille situation : "Ça fait peur. Qu'est-ce qu'on va devenir ? À une période, je voulais faire partie du conseil municipal, mais j'avais peur pour ma voiture. J'ai refusé pour ne pas avoir ma voiture brûlée".

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Jacqueline Aurine, adjointe au maire, et trois autres de ses collègues du conseil municipal ont fait le choix de démissionner. Pour elle, les opposants du maire sont allés trop loin. Il y a quatre ans, la tombe de son mari a été profanée.

"La stèle, ils l'ont carrément descellée. Puis, il y avait des tags avec des cibles sur la tombe. Cela s'adressait à moi. C'est un choc, car en réalité c'est le maire qui est visé à travers nous", réalise-t-elle au micro de RTL.

Ces dernières années à Montfleur, deux tombes ont été profanées, une partie de la mairie a été incendiée et quatre voitures d'élus de la majorité ont subi le même sort. Le premier adjoint démissionnaire, Michel Chavant, fait partie des victimes : 

"En octobre 2022, ma voiture a brûlé devant la mairie. Ensuite, j'ai reçu une succession de menaces. Je devais démissionner, sinon on allait s'occuper de mon cas. "Quand on aura fini avec le maire, on va s'occuper de toi. T'as intérêt à mettre des sacs de sable devant chez toi". C'est traumatisant. En arriver à de telles extrémités", raconte-t-il au micro de RTL.

La démission refusée par la préfecture

Le maire Jean-Claude Nevers partage sa série d'intimidations, de violences et de menaces de mort. "Sur une tombe, ils avaient écrit mon nom : "Nevers, tu vas crever". Je ne veux pas aller plus loin, parce que je crains pour ma vie aujourd'hui."

Au total, 15 plaintes ont été déposées, mais aucune n'a abouti. Le maire se dit consterné par l'inaction des pouvoirs publics, car il alerte depuis des années de l'ambiance délétère à Montfleur.

Vendredi 19 décembre, le préfet du Jura a refusé la démission du maire. Il est obligé de rester en fonction pour le moment, au moins d'ici les élections municipales en mars prochain. 

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