INFO RTL - Jordan Bardella veut rembourser le prêt russe du RN avant la fin de l’année

"Le prêt russe, c’est notre pire boulet". L’aveu vient d’un député RN. Depuis près de dix ans, ce prêt, d’un montant de 9,14 millions d’euros, contracté en 2014 auprès de la banque tchéco-russe First Czech Russian Bank (FCRB), empoisonne la vie du parti. "C’était un cadavre encombrant, après l’invasion de l’Ukraine, il est devenu puant", estime un élu du Rassemblement national.

En décembre 2022, le RN avait tenté de balayer les accusations d’ingérence du Kremlin sur sa ligne en lançant une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères dans les partis politiques. Mais comme un boomerang, le rapport final, rédigé par Constance le Grip, députée Renaissance, concluait que le RN était une "courroie de transmission" du pouvoir russe. "Vous dépendez du pouvoir russe, vous parlez à votre banquier quand vous parlez à la Russie" avait lancé Emmanuel Macron dans le débat d’entre-deux-tours qui l’opposait à Marine Le Pen en 2022.

Le parti a donc décidé d’accélérer : d’après nos informations et celles du Parisien, il veut rembourser les 6 millions d’euros de prêt restant d’un seul coup, avant la fin de l’année 2023, soit cinq ans plus tôt que prévu. Le patron du parti Jordan Bardella compte, pour ce faire, sur le versement à l’automne de la subvention publique calculée sur le résultat des élections législatives, autour de 10,2 millions d’euros. L'état-major du parti espère rembourser le prêt dans la foulée "en une seule fois, avant la fin de l'année, sauf dépense exceptionnelle", d'après un cadre. Jordan Bardella, probable future tête de liste des élections européennes, rêve de mener sa campagne sans qu’on puisse accuser le parti d’être financé par une institution bancaire liée à des proches du président russe.

Difficulté de trouver une banque française

Reste une question : Jordan Bardella trouvera-t-il une banque française pour financer sa campagne européenne? "On va essayer", dit-on prudemment au siège. Faute de quoi, le parti tentera sa chance auprès de la banque hongroise MKB, qui a déjà accepté de financer la campagne présidentielle de 2022.

Jordan Bardella ambitionne aussi d’éponger la dette totale de son parti avant l’élection présidentielle de 2027, pour tenter de se débarrasser de l’image d’un parti mauvais gestionnaire. Une dette de 26,5 millions d’euros d’après le trésorier du RN Kevin Pfeiffer, dont 20 millions "d'emprunt patriotique" contracté auprès des sympathisants du RN.