Pour ceux qui ont déjà voté Emmanuel Macron au premier tour, ou ceux qui sont déjà décidés à le faire dimanche - ils sont majoritaires aujourd’hui dans tous les derniers sondages - la soirée d’hier a été une bonne soirée. Tellement cela ressemblait à une balade pour Emmanuel Macron.
Tout le long du débat, le candidat a dominé et maitrisé le tempo. C’est lui qui choisissait d’interrompre Marine Le Pen et de la contredire, bien plus souvent que Marine Le Pen n’est parvenu à le faire. Emmanuel Macron est allé chercher ses contradictions, sans cesse.
Marine Le Pen a-t-elle perdu des électeurs ? C’est possible, mais pas si évident que ça. Parce que Marine Le Pen n’a pas été ridicule pour autant. Elle tient sa revanche moins sur Emmanuel Macron, que sur elle-même. Ce mercredi 20 avril, elle ne s’est pas écroulée, elle ne s’est pas énervée et elle n’a pas disjoncté comme en 2017.
Vous me direz que ce n’est pas suffisant, sans doute, mais pour ce qu’elle représente aujourd’hui, une bonne part de la colère de ce pays, l’envie - comme on dit - de retourner la table, ce n’est pas déshonorant. En revanche, Marine Le Pen n’a sans doute pas gagné beaucoup de nouveaux électeurs. Et ça, ça compromet ses chances - déjà faibles - de l’emporter dimanche 24 avril.
Mais beaucoup de Français hésitent encore, c’est aussi ce que disent les sondages. Et c’est là que l’analyse du débat devient ardue. Emmanuel Macron a appliqué un principe assez simple : on perd les combats que l’on ne mène pas. Il a donc combattu.
Au risque, et c’est un risque mesuré, de réactiver aussi certaines critiques contre lui. Sans se montrer arrogant, il a pu par ses gestes, ses attitudes apparaître comme condescendant. Son visage, posé sur sa main, semblait dire : "mais qu’est-ce-que Marine Le Pen est nulle". Il n’en faut parfois pas plus chez des électeurs qui hésitent à aller voter - ou pas - dimanche, pour agacer davantage.
Il n’est pas certain non plus qu’un électeur aux motivations écolos, par exemple, aient trouvé de quoi le satisfaire. Il reste à tous ceux-là à peine trois jours de réflexion.
Non, certainement pas. Le débat était déséquilibré, certes, mais a bien permis d’exposer deux visions politiques, au passage sans grande envergure.
Et là, le débat est à l’image de la campagne. Il n’y aura pas eu ce moment dont on se dit des années ou des décennies plus tard qu’il résume une élection à lui tout seul. Et c’est bien le problème de ce rendez-vous de 2022. Rien ne reste vraiment en mémoire. L’enjeu pourrait se résumer ainsi… après presque 3 heures de débat : il faut seulement que les électeurs n’oublient pas de voter ce dimanche.
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