Il y a un an, jour pour jour, Nicolas Hulot faisait l'impensable pour un ministre : démissionner de son poste. En direct à la radio. Sans en avoir informé au préalable le président de la République et le premier ministre. Une décision fracassante mais indispensable d'après le principal concerné : "C'est une décision d'honnêteté et de responsabilité", expliquait-il.
Depuis, les élections européennes, avec la percée de Yannick Jadot et d'Europe Écologie-Les Verts, Emmanuel Macron a amorcé son tournant écologique au sein du gouvernement. Depuis Nicolas Hulot, deux ministres lui ont succédé à la tête du ministère de la Transition écologique et solidaire : François de Rugy jusqu'au 16 juillet 2019 et Élisabeth Borne.
Au moment de sa nomination en mai 2017, Nicolas Hulot affirmait "ne pas être un magicien" et "hériter du ministère du temps long". Le ministère du temps long donc, ce qui en fait l'un des plus délicats à gérer. Le ministère de l'Écologie est-il un ministère maudit ?
"C'est vrai qu'il y a un turn-over important au ministère de l'Écologie", reconnaît Daniel Boy, directeur de recherches émérite à SciencesPo. Contacté par RTL.fr, il explique que lors de sa création le ministère de l'Écologie a été considéré "comme un ministère secondaire, même si la crise environnementale avait débuté dans les années 70. Le premier ministère de l'Écologie ne s'occupe que de la nature. Les domaines de l'énergie et des transports lui échappent complètement et sont des ministères à part entière".
À cela vient s'ajouter le fait que "ce ministère ne bénéficie pas des grands corps d'État". Bercy et l'industrie étant plus convoités par les diplômés de l'ENA. Il faudra attendre 2007. Sous Nicolas Sarkozy, l'écologie aura son grand ministère et son Grenelle. "C'est d'ailleurs à ce moment-là que Jean-Louis Borloo devient ministre d'État", ajoute Daniel Boy.
Au fil des mandats et des gouvernements, ce ministère a conservé son pouvoir mais il continue de se heurter à un plafond de verre : le manque de moyens et de poids. "Sauf pour ces dernières élections européennes, les préoccupations des Français restent le chômage et la sécurité. En 2019, c'est la première fois que l'écologie arrive en tête de ce classement. De manière générale, on donne un pouvoir à un ministre de l'Écologie quand il y a une demande sociale", note Daniel Boy.
Cette demande sociale a été déclenchée dans l'opinion publique, par le départ fracassant de Nicolas Hulot du gouvernement. Sans oublier les épisodes caniculaires qui ont traversé la France cet été et les nombreuses alertes scientifiques qui ont été publiées.
Ainsi, il existe deux types de ministres de l'Écologie : ceux qui ont claqué la porte par manque de moyens. C'est le cas de Nicolas Hulot mais aussi Delphine Batho. En 2013 sous François Hollande, la ministre n'avait pas hésité à faire savoir que son budget était insuffisant. Quelques heures après ses déclarations, elle était débarquée du gouvernement.
Autre catégorie dressée par Daniel Boy : "ceux qui ont serré les dents". Ministre de l'Environnement de 1995 à 1997, sous la présidence Chirac, Corinne Lepage a publié un livre au titre évocateur : On ne peut rien faire, Madame le ministre. "C'est une question de nerfs, de nerfs solides face aux ennemis traditionnels qui sont Bercy pour le budget et l'Agriculture pour les pesticides. Sans oublier les lobbies", selon le directeur de recherches. Un ministère de l'Écologie donc très exposé, du temps long et mais aussi de la politique des petits pas.
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