Les annonces d'Édouard Philippe amorcent-elles un changement de politique économique du gouvernement ? Formellement non, mais en réalité, oui. Il y a eu mardi 4 décembre un changement de cap : la question sociale a pris le pas sur les objectifs que se donnait le gouvernement jusqu'ici : le redressement des comptes et l'amélioration de la compétitivité des entreprises.
Et aussi un changement dans la façon de faire, puisque la concertation sur la fiscalité annoncée mardi mentionne explicitement les partenaires sociaux et les élus locaux, alors que le gouvernement ignorait ces corps intermédiaires auparavant. C'est donc un recul sur le fond et dans la méthode. Ce n'est pas rien. Et ce n'est pas fini.
Les annonces sont insuffisantes, parce qu'elles ne font qu'annuler des nouveaux prélèvements, sans améliorer le pouvoir d'achat existant. Or, c'est cela que veulent désormais les "gilets jaunes". Samedi 1er décembre dernier a tout changé, ils ont pris conscience de leur pouvoir. Il va donc falloir aller plus loin, avec des mesures qui seront portées par Edouard Philippe ou son successeur.
Les patrons s'y préparent d'ailleurs. Hier, Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, a envisagé une hausse du smic, dans une interview au Parisien. Le mouvement Ethic propose de mettre en place une prime défiscalisée et sans charges sociales. C'est une bonne idée. Il n'y a que le gouvernement qui fait la sourde oreille. Mais cela ne peut pas durer.
Il est désormais probable d'envisager des mesures de pouvoir d'achat. Le programme de réformes de Macron est, de toute façon, interrompu. Comment imaginer la réforme des retraites, telle qu'elle se présente, dans un contexte social comme celui d'aujourd'hui ? Ou celle de l'assurance-chômage ? En fait, ce programme ne pourrait reprendre que s'il était re-légitimé avec un vote, un référendum ou une dissolution de l'assemblée nationale.
Et cela paraît très douteux aujourd'hui qu'Emmanuel Macron gagne une telle épreuve. En quatre mois, depuis l'affaire Benalla, notre Président a brûlé tout son capital politique. Faute d'une nouvelle onction des suffrages populaires, le quinquennat Macron va devoir se transformer et partir dans une direction probablement inattendue.
Où peut-il nous emmener ? Pour répondre à cette question, faisons un parallèle avec une situation que nous avons connue il y a trente-cinq ans. Emmanuel Macron est pris dans une sorte de 1983 à l'envers. Souvenez-vous, François Mitterrand, président socialiste, avait été élu sur un programme social, en 1981, qu'il a mis en oeuvre pendant 18 mois. Et il s'est fracassé sur le mur de la réalité financière et économique.
Il a dû faire le tournant de la rigueur, en 1983, qui a été porté avec beaucoup de courage par Pierre Mauroy, son Premier ministre, et Jacques Delors, le ministre de l'économie, parce que c'était un renoncement mais qui finalement a débouché sur l'une des périodes de transformation de la France les plus fécondes depuis la guerre.
Aujourd'hui, c'est exactement l'inverse. Emmanuel Macron a été élu sur un programme libéral, et il se fracasse sur la réalité sociale. S'il ne l'entend pas, nous entrons dans une période de chaos profond. Et s'il l'entend, il va falloir qu'il révise sérieusement son plan de vol.
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