C'est une victoire inattendue pour les défenseurs des petites maternités. Jeudi 15 mai, les députés ont approuvé, à une large majorité et en première lecture, un moratoire de trois ans sur la fermeture de ces établissements. Pour eux, ces fermetures sont responsables de la hausse de la mortalité infantile.
Sur le terrain, le constat est implacable : en cinquante ans, le nombre de maternités a été divisé par trois. De plus de 1.300 en 1975, il n'y en avait plus que 446 en 2022.
À l'origine de ces fermetures, des décrets pris dans les années 1970 et 1990. Depuis, une maternité doit réaliser au moins 300 accouchements par an pour rester ouverte. Creil (Oise), Saint-Claude (Jura), Le Blanc (Indre), Bernay (Eure)... Autant d'établissements victimes de cette politique. À travers le pays, de nombreuses petites cliniques et de services d'hôpitaux locaux ont disparu.
Mais mettre plus de temps pour aller accoucher, c'est prendre davantage de risques pour la mère et pour l'enfant. C'est, en tout cas, ce qu'avancent les députés qui défendaient ce moratoire.
"Dans le nord du Lot, il faut faire une heure, une heure et demi de voiture pour aller à la maternité", tranche Christophe Proença, député PS du Lot. "Et l'enfant qui est né dans sa maison il y a quelques mois, c'est mon petit-fils, parce que sa mère n'a pas eu le temps d'arriver à la maternité", poursuit-il.
Le député assure que le gouvernement doit prendre en compte "les risques pris par les gens habitant dans ces territoires". Et pour cause, le risque de décès néo-natal est deux fois plus élevé quand une femme a plus de 45 minutes de trajet pour aller jusqu'à la maternité. En 20 ans, le nombre de femmes dans cette situation a plus que doublé.
En face, certains estiment qu'une maternité qui ne réalise pas suffisamment d'accouchements ne peut pas être aussi compétente. "S'opposer systématiquement à une fermeture d'une maternité peut être un non-sens", tranche Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes.
La Cour des comptes alerte même sur le sujet et juge illusoire de maintenir ouvertes des maternités en dessous de 1.000 accouchements par an, car moins il y a d'accouchements, moins le personnel médical sera à même de gérer une situation complexe.
"La question se pose du maintien d'expertise. Tous les professionnels de la pré-natalité doivent bénéficier d'une expertise dans les gestes à réaliser au sein d'une maternité", appuie Isabelle Derrendinger.
Mais la fermeture des maternités n'explique pas tout. Les femmes ont aussi des enfants de plus en plus tard. Les maladies comme le diabète et l'hypertension progressent également et la qualité des soins de néonatalogie se dégrade. Autant de facteurs qui expliquent la hausse de la mortalité infantile, qui atteint désormais 4,1 enfants pour 1.000 naissances en France.
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