Plus de six mois pour se trouver un candidat, cela en dit en long sur l'état du parti. Six mois à taper à toutes les portes, à tenter des unions impossibles, à imaginer toutes les combinaisons, tous les castings.
Du socialiste belge Paul Magnette, puis pêle-mêle, Ségolène Royal prête à offrir sa tête aux Écologistes qui n'en ont pas voulu, Pierre Moscovici, jugé trop à droite, Christiane Taubira l'ancienne ministre de la Justice, ainsi que l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, pas très enthousiaste ou plus probablement pas suffisamment dragué. Enfin, le nom de Jean-Christophe Cambadélis est sorti du chapeau, "l'ancien patron du PS rappelé", voilà qui ressemble au retour de Zidane.
Au milieu de tout cela, Place publique, le tout nouveau mouvement du jeune philosophe Raphaël Glucksmann, avec lequel, dit-on, l'histoire n'est peut-être pas finie, mais dont une partie de ses membres se sentent tout de même plus proches des Insoumis de Mélenchon que des socialistes. Passons également les semblants de tentatives de réconciliation avec Benoît Hamon, qui a finalement préféré se lancer tout seul comme tête de liste.
Tout cela pour en arriver à Olivier Faure, qui est sans doute celui qui est allé le plus à reculons vers la candidature. Pendant six mois, il n'a pas offert l'image de quelqu'un prêt à reprendre le flambeau. À moins qu'il ait bien caché son jeu et que toute la tactique ait consisté à éliminer tous les scénarios et tous les impétrants, pour rester seul en piste.
Quelle que soit la situation, tout cela n'est pas très glorieux. Le PS plafonne tout de même à 5% dans les sondages, moins que son score à la présidentielle. Le parti est donc à égalité avec Nicolas Dupont-Aignan.
Il est difficile d'imaginer la gauche s'en sortir aux européennes. À part peut-être les écolos qui peuvent tirer leur épingle du jeu, car on sait que les européennes est une élection qui leur réussit, mais pour l'instant ils sont à 8% dans les sondages, au même niveau que Jean-Luc Mélenchon qui ne fait pas d'étincelles non plus.
Mais si on exclut la France Insoumise, qui s'est mise à l’écart de toutes cette gauche, le total de tous les partis de gauche ne représente même pas 20%. Une gauche morcelée, divisée, dans laquelle chaque formation compte trois ou quatre courants, chacun voulant tirer la couverture à lui.
Alors qu'idéologiquement ils ne sont pas si éloignés. Ils sont plus en phase que ne l'étaient le RPR et l'UDF sur l'Europe. Au lieu de cela, voilà une gauche en tout petits morceaux à quelques semaines des européennes et un Parti Socialiste enfin prêt à se lancer dans cette course de petits chevaux.