PS : "Olivier Faure va devoir imprimer s'il veut exister", prévient Alba Ventura
ÉDITO - Le Parti socialiste, qui a désormais un nouveau patron, a enfin enregistré une victoire électorale le week-end dernier lors d'une législative partielle en Haute-Garonne. Pas de quoi pavoiser pour autant, avertit la journaliste Alba Ventura.

Une hirondelle ne fait pas le printemps. Car c'est quand même le gris qui prédomine dans le ciel des socialistes. Dans ce département de la Haute-Garonne, pourtant terre socialiste par le passé, c'était morne plaine depuis les législatives de juin dernier.
Sur dix circonscriptions, un seul député PS avait réussi à sauver sa peau face au tsunami macroniste. Et il n'avait été élu qu'avec 91 voix d'écart en juin 2017 (c'était donc bien serré). Si bien qu'il a fallu rejouer l'élection. Et là, dimanche 18 mars, ce ne sont pas 91 voix d’écart, mais 10.000 voix d'écart qui ont été enregistrées.
Alors pour les socialistes c'est évidemment une petite éclaircie, bienvenue. Normal, quand on a vu une partie de son électorat fondre comme neige au soleil avec l'élection d'Emmanuel Macron à la présidentielle. On a vite fait de se dire au PS qu'il y a quelques brebis égarées qui sont rentrées au bercail.
Le problème de Faure, sa fragilité
De bonne augure pour la suite ? En réalité, c'est juste la rivière qui retrouve son lit en Haute-Garonne. C'est d'ailleurs plus un message adressé à Emmanuel Macron qu'aux socialistes. Comme c'est le cas depuis plusieurs semaines dans toutes les législatives partielles. Ce sont autant d'avertissements au Président et au gouvernement.
Cela dit, ce retour de la rivière dans son lit c'est tout le pari d'Olivier Faure, le nouveau premier secrétaire du PS. Olivier Faure a théorisé l'idée qu'il fallait que le PS survive pour que les électeurs déboussolés reviennent dans ce qui reste de la maison socialiste. C'est le premier point de sa stratégie. Le problème d'Olivier Faure, c'est sa fragilité.
Olivier Faure est un leader inexistant, pour le moment. C'est la première fois d'ailleurs qu'après une défaite, il n'y a pas de personnalité reconnue pour reprendre le PS. Après les échecs de 1993 et de 2002, il y avait des éléphants pour tenir la barre du Parti socialiste : Rocard/Fabius, Fabius/Emmanuelli, Emmanuelli/Jospin, et puis Aubry/Royal. Hollande aussi, même s'il n'avait jamais été ministre, a été un éléphant.
Leader du PS ou apparatchik de la synthèse ?
Là, rien de tout ça. D'ailleurs les amis de Benoît Hamon, en visant Olivier Faure, avaient très aimablement fait savoir qu'il valait mieux que le candidat le plus "gris" possible sorte du lot (en même temps, les amis de Benoit Hamon, s'ils ne sont pas "gris", sont assez transparents !). Toujours est-il qu'Olivier Faure va devoir imprimer s'il veut exister.
Regardez Laurent Wauquiez. On aime ou pas, mais il existe. Par ses positions, par ses outrances, par son passé ministériel, il existe. Et il tente de hisser son parti comme le parti d'opposition à Macron. La question pour Olivier Faure est de savoir s'il s'agit d'animer un club de 37.000 militants ou d'essayer de redresser un parti de gouvernement ?
Si Olivier Faure arrive à émerger comme personnalité politique, à prendre le leadership, à s'affirmer en interne, sans naviguer entre les différents courants qui ont fait se noyer le PS, alors il pourra peut-être ranimer ce vieux parti subclaquant. S'il est l'apparatchik de la synthèse, ce sera un coup pour rien.