Emmanuel Macron utilise parfois "le management par la terreur", dit Olivier Bost

Emmanuel Macron menace ses ministres de les virer et les a placés sous haute surveillance. Le Président a une application sur son téléphone pour voir les performances de ses ministres et l’avancement de leurs réformes.

Le chef de l'État est-il un patron comme les autres ? Emmanuel Macron voudrait l'être, et pour ça, il donne parfois dans le management par la terreur. Il a une expression qu’il aime employer, comme une ministre l’a confié à RTL : "Sentez-vous mon souffle chaud sur vos nuques fragiles ?"

Sous-entendu, "je peux vous couper la tête". Le chef de l’État a encore averti tous les ministres mercredi dernier : "si vous ne changez pas, je vous change". C’est Le Figaro qui le raconte. 

Emmanuel Macron a donné deux mois à ses ministres pour être bien meilleurs dans la façon de faire connaître leurs réformes et pour les rendre concrètes, sinon il les vire. Souvenez-vous, avant leur pause de l’été, il avait déjà invité ses ministres "à partir en vacances la peur au ventre." Il y a mieux pour se détendre et se reposer…

Sentez-vous mon souffle chaud sur vos nuques fragiles ?

Emmanuel Macron, président de la République, à ses ministres.

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Le chef de l’État, ce n’est pas un scoop, trouve que tout est trop lent, que les ministres ne sont pas à la hauteur, que l’administration freine trop les changements. Depuis le temps que les présidents tapent du poing sur la table, poussent un coup de gueule, recadrent - c’est fou ce que les présidents aiment recadrer - les résultats de ces dernières décennies ne sont pas franchement à la hauteur des courroux présidentiels. 

Le mythe du chef de l’État qui fait pression sur ses équipes, ce n’est pas aussi vieux que la République, mais c’est bien installé dans la communication moderne. Même chose pour les évaluations de ministres. 

Emmanuel Macron suit donc la performance de ses ministres sur une application sur son téléphone. Elle affiche en tableaux et en graphiques le taux d’application des réformes. C’est la mesure en temps réel de la performance de son équipe…Il faut donc imaginer le Président, entre deux rendez-vous, regarder son appli, comme un directeur de supermarché regarde ses ventes en direct ou le nombre d’articles à la minute passés par chaque caissière. 

Sa hantise, c'est de ressembler à François Hollande

Olivier Bost, éditorialiste politique à RTL, à propos d'Emmanuel Macron.

La première efficacité de cette fameuse application téléphonique, c’est qu’on en parle beaucoup. Cela entretient l’image du Président exigeant, qui a pour seule obsession que tout ce qu’il décide devienne concret, que les décisions prises redescendent jusqu’à la vie quotidienne des Français. C’est l’obsession du résultat comme dans une entreprise. 

Mais Emmanuel Macron a une autre obsession, qu’il ne faut jamais oublier : il a été aux premières loges du quinquennat de François Hollande. D’abord, comme secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis comme ministre de l’Économie, il a vécu le fonctionnement de l’intérieur puis le huis-clos du Conseil des ministres. 

À écouter ses proches, ces expériences ont traumatisé Emmanuel Macron. Il a vu la machine se gripper, les rebellions, les ordres ne pas être pas suivis d’effets. Sa hantise, c’est de ressembler à François Hollande. 

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