L'interview du président de la République a laissé une drôle d’impression. L’impression de revivre une scène déjà vécue plusieurs fois dans le quinquennat. Comme si le président voulait faire un reset, redémarrer à zéro avec le même logiciel. "Le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai", dit-il.
Les malentendus avec les Français, c’est à cause de ce qu’il appelle "sa part de maladresse". La réinvention est donc à chercher ailleurs. Dans cette interview, Emmanuel Macron se réinvente une nouvelle chance. Pour être précis, le chef de l’État se réinvente une troisième chance de réussir son quinquennat. La première était son élection, la deuxième après les "gilets jaunes" et la troisième donc, après le confinement.
"Nous aurons peu de priorités" dit Emmanuel Macron. Mais quand même, il y a au programme des mois qui viennent : la relance de l’économie, la poursuite de la refondation de notre protection sociale et de l’environnement, le rétablissement d’un ordre républicain juste, la défense de la souveraineté européenne… Pour un menu léger, c’est déjà copieux.
Dans ces chantiers, il faut distinguer 3 priorités absolues : la santé, le grand âge, et la jeunesse. Comme l’a déjà souvent dit Emmanuel Macron, il réforme comme ça n’a pas été fait depuis 75 ans, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le chef de l’État défend encore une fois "le caractère historique" de son action.
La crise est effectivement historique. Il y a bien une urgence, une urgence économique imposée par l’épidémie du Coronavirus. Emmanuel Macron prévient : "La rentrée sera difficile et il faut nous y préparer". Le premier enjeu est là, le chef de l’État est sur un volcan avant l’éruption de plans sociaux par dizaines ou par centaines. Il le sait et il le dit.
Le Emmanuel Macron conceptuel parle de "dessiner un nouveau chemin", le Emmanuel Macron plus pragmatique sait que ce chemin sera surtout semé d’embûches.
En fait, le but de cette interview était également de rappeler que la réforme des retraites est indispensable et se fera, elle sera juste transformée. Il faudra travailler plus et plus longtemps pour faire face à la crise, c’est une certitude du président. Malgré l’envolée des dépenses et de la dette, il n’y aura pas d’augmentation des impôts, Emmanuel Macron rappelle ses fondamentaux.
Ce n’est pas terminé. D’ici mercredi prochain, il y aura un remaniement. Emmanuel Macron parle à la fois d’une relation de confiance "historique" avec son Premier ministre et dit qu’il y aura une nouvelle équipe. Si bien que, pour que l’on comprenne vraiment le nouveau chemin du président, ce énième nouveau départ du quinquennat, le choix des hommes la semaine prochaine, en dira sans doute plus que l’interview accordée jeudi.