ÉDITO - Darmanin, Le Maire, Attal... Des ministres la jouent-ils trop perso ?
Dans son édito du jour, William Galibert accuse plusieurs ministres de ne pas jouer collectifs, notamment auprès d'Élisabeth Borne.
On comprend pourquoi Emmanuel Macron n’est pas pressé de remplacer Elisabeth Borne. Des Premiers ministres, le président de la République en a déjà 3 ou 4 en même temps dans le gouvernement.
Gérald Darmanin, par exemple, a annoncé mardi une loi anti-casseurs. Le jour suivant, le ministre de l'Intérieur a défendu sa grande opération de sécurité à Mayotte malgré les ratés. Ce jeudi 4 mai, il a dénoncé la politique migratoire italienne, déclenchant un gros incident diplomatique avec Rome. Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a décidé d'annuler sa visite. Résultat, le Quai d'Orsay sort les rames. Pour Gérald Darmanin, comme le dirait Kylian Mbappé, "ça, c'est une bonne semaine au boulot".
De son côté, Bruno Le Maire fait jaser avec ses talents d'auteur érotique. Mais le ministre de l'Économie ne perd jamais une occasion de rappeler que c’est lui qui nous protège et qui agit contre l’inflation et la vie chère. Même Gabriel Attal s’est offert une campagne de pub ces jours-ci, "en avoir pour nos impôts", histoire de bien vendre son action à Bercy.
Quand vous savez que votre supérieur hiérarchique est sur le départ, en général, vous ne faites plus trop d'efforts pour lui plaire. Et si vous vous pouvez récupérer quelques attributions au passage, pourquoi pas.
Là, Élisabeth Borne est en sursis ou en fin de bail. Ces ministres en profitent pour occuper tous les espaces qu’elle-même n’occupe pas. Tous n’ont pas forcément envie de prendre sa place d’ailleurs. Ils sont plus libres là où ils se trouvent, à Beauvau ou à Bercy. La liberté de ton sans les emmerdes, les avantages sans les inconvénients de Matignon.
Macron observe
De son côté, Emmanuel Macron fait ce qu'il préfère. Le président de la République laisse faire, laisse mariner et attend de voir ce qui va se passer. On a souvent parlé du "darwinisme" d'Emmanuel Macron avec la loi du plus fort. Le chef de l'État laisse tout le monde s'agiter dans le même bocal, et il verra bien si quelqu'un en sort vainqueur ou vaincu. Après, il pourra plus facilement décider s'il faut changer quelque chose.
Une chose est sûre, Emmanuel Macron ne fait plus aucun cadeau à sa Première ministre, elle est maintenue faute d'alternative mais il ne fait rien pour la renforcer. Ces dernières semaines, Élisabeth Borne a poussé, plusieurs fois, pour pouvoir remanier le gouvernement, remodeler son équipe, reprendre la main y compris sur les plus ambitieux. Et plusieurs fois, le président a fait mine de ne pas entendre.
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