Élisabeth Borne et Gérald Darmanin : ensemble au gouvernement, pourtant tout les oppose
LES DUELS DE 2024 (4/5) - Entre la Première ministre et le numéro trois du gouvernement, cela ressemble à une colocation forcée. Ils travaillent ensemble, mais en privé, on est loin de l'idylle...
Ils vont faire la politique en 2024 et on vous les présente toute la semaine sur RTL. Entre ambitions personnelles et rivalité naissante, voilà ce matin un duel : Élisabeth Borne contre Gérald Darmanin.
Entre la Première ministre et son ministre de l’Intérieur, le moins qu’on puisse dire, c’est que de Tourcoing fin août aux bancs de l’Assemblée au moment de la loi immigration, ces deux-là ne se sont pas quittés d'une semelle ces dernières semaines, Même si en coulisses, on est loin de la lune de miel.
On a peu de chance de les retrouver côte à côte sur un télésiège aux sports d’hiver, qu'on se le dise. Et ce n’est pas faute d’avoir passé des longs moments ensemble récemment. Mais c’est comme ça, entre eux, ça ne passe pas. Et depuis le début. Il faut dire qu'entre l’extraverti homme de droite, et la femme de gauche parfois austère… Tous les opposent.
Lui le politique habitué des discussions d’arrière-boutique, elle la technicienne, la préfète. "Entre eux, C’est l’affrontement de deux philosophies diamétralement opposées", analyse un conseiller de l’exécutif. Et ajoutez à cela que l’un a essayé de prendre la place de l’autre... Ça ne facilite pas les choses.
Objectif Matignon
En juillet, Emmanuel Macron a préféré la continuité à la prise de risque, reconduire Élisabeth Borne plutôt que d’offrir un marchepied vers 2027 à son jeune ministre. Sauf que ça, Gérald Darmanin ne l’a jamais vraiment digéré.
Pas plus d’ailleurs que la venue surprise, d’Elisabeth Borne, à Tourcoing fin août. La Première ministre est venue, plutôt habilement, jouer les troubles fête à sa rentrée politique.
Gérald Darmanin a-t-il abandonné ses ambitions ?
Quand on s’est réveillé un matin en se disant qu’on pouvait viser la première place, se contenter de la médaille de bronze, c’est toujours un peu difficile. Mais ce qui est sûr, c’est que les semaines qu’on vient de vivre sont venues un peu entacher son image de surdoué de la politique.
Parce que pendant des semaines, des mois, Gérald Darmanin a crié sur tous les toits, dans toutes les discussions, parfois même en faisant clairement la leçon au reste de la Macronie, que lui parviendrait là où d’autre ont échoué, là où Elisabeth Borne avait dû user du 49.3 pour adopter sa réforme des retraites.
On connaît la suite : tout ça a fini dans le bureau de la Première ministre, chargée par Emmanuel Macron de reprendre le dossier en main. Comme si Gérald Darmanin était sans arrêt renvoyé à cette réalité : à vouloir se la jouer un peu trop solo… On finit rattrapé par la préfète.
Le jeu du chat et de la souris continuera-t-il en 2024 ?
C’est Emmanuel Macron qui dira en janvier quelles suites il compte donner à cette crise politique. Mais une chose est sûre, c’est que chacun à ses atouts pour réussir l’année qui vient. Gérald Darmanin a de vrais soutiens à l’Assemblée : des troupes, des élus qu’il reçoit régulièrement, même si son ambition a cette année parfois manqué de réalisme.
Élisabeth Borne, elle, a montré qu’elle était une infatigable soldate au service d’Emmanuel Macron, sans pour autant réussir à devenir un vrai personnage politique.
Mais les deux partagent une autre qualité : celle de toujours rebondir. Du putsch avorté de Tourcoing pour l’un, aux 23 49.3, pour l’autre. Mais cette fois, cet échec de la loi immigration, ils le partagent, ensemble… On verra qui des deux s’en sortira le mieux.
