A la surprise générale, Emmanuel Macron a décidé de décaler la présentation de la réforme des retraites prévue ce 15 décembre. Ce sera finalement le 10 janvier normalement. Pourquoi reporte-t-il ?
Il ne faut pas gâcher ni Noël, ni la Coupe du monde de football. Le climat est tellement lourd entre la crise énergétique, les factures qui flambent, les polémiques sur les délestages et le Covid qui revient. Il y a un tel sentiment de ras-le-bol et de fatigue que ce n'était peut-être pas très judicieux de mettre la douloureuse sous le sapin.
Par ailleurs, Emmanuel Macron est un supporter de foot qui s'envole pour le Qatar le 14 décembre pour France-Maroc. Il y avait 18 millions de Français devant la télévision pour France-Angleterre, il y en aura autant, voire plus. Il s'est sûrement dit que s'il venait avec sa réforme des retraites le lendemain, il allait un peu tout gâcher.
N'y a-t-il pas aussi la crainte d'abord d'un mouvement social ? Si, donc mieux vaut repousser l'obstacle d'un blocage dans les transports. Parce que si en plus, il n'y a plus de trains pour Noël, avec le report, ils retirent provisoirement un motif de grève. Ça ne changera rien parce que le projet du 15 décembre sera celui du 10 janvier. Les syndicats le savent et ils se préparent.
Peut-il caler sur cette réforme ? Peut-il y renoncer ? On peut se poser la question pourquoi repousser encore et encore ? Qu'est-ce qui sera si différent dans un mois ? Dans son entourage, on le dit clairement, pas une seconde, il n'est question de caler. Ce qu'il n'a pas pu faire lors de son premier quinquennat, il veut absolument le faire lors du second.
On a eu quand même six réformes des retraites
Mais il voit bien qu'il y a des sensibilités différentes et qu'il faut temporiser. Il y en a qui disent, comme Les Républicains, qu'il vaudrait mieux un âge de départ à 64 ans, pas 65, et allonger la durée de cotisation. D'ailleurs, l'option de l'allongement de la durée de cotisation est un argument avec lequel le gouvernement travaille avec la CFDT qui pour le moment bloque sur les 65 ans.
Est-ce que quelques semaines de plus ne seraient pas utiles pour ramener la CFDT ? Certains, comme François Bayrou, estiment qu'il faut encore expliquer et faire encore plus de pédagogie. Même si, je le rappelle, en 30 ans, on a eu quand même six réformes des retraites. En fait, à entendre les proches du président, ce qui se joue là, c'est la méthode, c'est le dosage. L'idée d'évacuer un maximum de crispations sur un sujet explosif n'est pas un recul. Rendez-vous le 10 janvier.