La séquence des retraites a rendu la Macronie quelque peu fébrile. On sent comme un grand désarroi chez les troupes macronistes. Il faut entendre les confidences des uns et des autres. Un ministre confie que si le Conseil Constitutionnel retoque partiellement le texte sur les retraites, cela pourrait les arranger et donnerait du grain à moudre pour la suite. Un ténor de la majorité s’impatiente de son côté et veut "retrouver du mouvement" : tout est figé dans le camp du président.
Et puis il y a tous ceux qui n’ont pas compris l’agacement du président depuis la Chine, contre Laurent Berger, contre la Première ministre. Cela a eu un effet délétère, comme une sorte de trou d’air. Les macronistes ne savent plus où ils vont.
Les troupes du président ont appris à ne fonctionner qu'avec une seule boussole : Emmanuel Macron. Sauf que lui-même est déstabilisé. Alors ce n’est pas De Gaulle en 1968 qui part à Baden-Baden, mais il y a du flottement en pleine crise sociale. Emmanuel Macron n’a plus les intuitions qu’il avait pu avoir au début de son ascension politique. Et c’est comme si la réforme des retraites avait jeté un écran de fumée qui l’empêche d’avancer et de rassurer ses troupes.
Le président va cependant repartir sur le terrain, l’agenda se remplit jour après jour. Dès que le Conseil constitutionnel aura rendu son avis, on devrait voir rapidement le président sur le terrain. Mais pour proposer quoi et pour parler à qui ? De quels sujets : l’immigration, le bien vieillir ? 4 ans de quinquennat, ça ne s’improvise pas. C’est pour cela que les macronistes sont en plein marasme : ils ne voient pas bien comment le président peut prendre le virage, comment il peut y avoir un nouvel élan.
Le problème de fond c’est qu’Emmanuel Macron n’a pas fait campagne, ce qui lui a été beaucoup reproché. Il n’a pas redonné d’impulsion. Souvenez-vous, le sujet des retraites avait été abordé avant le premier tour mais pas entre les deux tours, pour ne pas faire fuir les électeurs de gauche et parce qu’il fallait faire barrage à Marine le Pen.
Aujourd’hui, certains redoutent surtout qu’Emmanuel Macron fasse finalement ce qu’il a fait pendant la campagne : du "damage control", un terme anglais pour dire "contrôler le risque", "éviter l’accident". On est loin d’une nouvelle dynamique.