Lors du débat de l'entre-deux tours de mercredi 20 avril, les deux finalistes de l’élection présidentielle ont exposé leur projet économique. Finalement, la plus grosse différence entre les deux se situe sur les questions européennes. Car de là proviennent des options différentes chez l’un et chez l’autre dans presque tous les domaines.
Pour l’un, il faut agrandir la France, lui permettre de se développer au-delà des frontières, de nourrir des expériences étrangères et surtout mettre en commun nos problèmes et leur gestion, pour mieux les traiter.
Pour l’autre au contraire, la France sera plus indépendante et plus forte si elle retrouve ses frontières en matière de commerce, de politique économique et budgétaire, d’immigration. Et surtout, pour Marine Le Pen, la France pourra mieux protéger les Français que dans l’Europe actuelle.
C’est une contradiction qui a été pointée par l’actuel président hier soir : on ne peut pas être dedans et dehors en même temps. Elle dit ne pas vouloir sortir de l’Europe, mais récuse bon nombre de règles communes, budgétaires, normatives, commerciales, touchant à la concurrence, pour ne rien dire de celles qui fixent la contribution financière de chaque état.
Que garde-t-elle de l’Europe si en elle en refuse le fonctionnement ? Au fond, elle pense que la France ferait mieux seule, plutôt que prise dans cette lourde mécanique à 27, où Paris se fait parfois dominer par les autres – Bruxelles, c’est la politique du compromis. À l’inverse, Macron explique qu’on ne peut changer l’Europe que de l’intérieur.
Chacun des deux finalistes a pris un exemple hier, pour défendre son projet. Pour Macron, les vaccins, dont la production a été mutualisée en Europe, de façon à permettre l’égalité d’accès aux doses. Mutualisation inhabituellement rapide et efficace, qui nous vaut aujourd’hui de figurer parmi les pays les mieux protégés.
Pour Le Pen, c’est le prix de l’énergie. Si nous sortions du marché européen, dit-elle, nous pourrions déconnecter les tarifs français de l’électricité de ceux qui prévalent en Europe, de façon à les abaisser, grâce à nos centrales nucléaires.
Là où elle a raison, c’est que la politique de l’énergie communautaire est absurde, en ayant voulu introduire une concurrence coûteuse et stérile. Mais pour le reste, il y a une illusion. Comment importer de l’électricité, alors qu’on en a besoin, si l’on se refuse à payer le prix du marché international ? Les tarifs intérieurs, cela supposerait que nous soyons complètement indépendants dans la production d’énergie, et ça n’est pas le cas, au moins pour les dix ans qui viennent.
Sur ce point, chacun des deux était assez bon sur la
critique du programme de l’autre, tout en restant fort nébuleux sur le sien.
Quand Macron pointe le flou extrême des recettes prévues par sa compétitrice,
il a tout à fait raison. La lutte contre la fraude et les gaspillages ne font
pas une politique budgétaire, même si elles sont nécessaires.
À l’inverse,
quand Le Pen assure que les 600 milliards de dettes supplémentaires du
quinquennat ne tiennent pas seulement à la Covid-19, elle ne fait jamais que dire la
même chose que la Cour des comptes, qui se désolait récemment de la forte
dégradation du solde budgétaire structurel de la France sous présidence Macron.
Le problème, c’est que son programme nous mettrait sur la même trajectoire,
sans même l’épidémie. Une chose est probable, quel que soit le vainqueur de
dimanche, il y aura des lendemains budgétaires pas faciles pour la France lors
du prochain quinquennat.
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