Il n'y aura donc pas de débat ces prochains jours dans l'hémicycle de l'Assemblée sur la loi immigration, portée par Gérald Darmanin. Les oppositions ont réussi à voter ensemble une motion de rejet.
C'est une sacrée gifle pour Gérald Darmanin. C’est pour cela qu’il est allé présenter sa démission au président qui l’a refusée évidemment, mais il s’est tellement engagé sur l’issue de ce texte que cet échec est un affront terrible. Parce qu’il était sûr de lui, le ministre de l’Intérieur. Il avait fait ses comptes, il avait parié sur les abstentions. Il n’a pas ménagé sa peine, cela dit. Il disait "ça va passer", "sans 49.3", avec cet air qui voulait dire "avec moi, ça va passer". Vous aurez noté le sous-entendu : avec Élisabeth Borne, sur les retraites, ce n’est pas passé, pas sans 49.3.
Et puis il était impensable pour Gérald Darmanin que la gauche, la droite et le Rassemblement national s’additionnent, il ne croyait pas à l’alliance de la carpe et du lapin. Il n’avait pas prévu ce scénario dont il est le grand perdant, mais il n’est pas le seul.
C'est une gifle pour l’ensemble du gouvernement. C’est aussi une gifle pour Emmanuel Macron. Je vous rappelle que dans ce dossier, le Président avait demandé à la Première ministre de trouver des accords, et puis c’est la démonstration que lorsque vous n’avez pas de majorité, vous ne pouvez pas faire voter des textes qui ont une charge politique symbolique importante. La majorité relative vous place dans une impasse.
Je ne suis pas sûre que les Républicains soient gagnants au bout du compte
Alba Ventura
Mais il y a d'autres perdants. Même s’ils ont crié "victoire", je ne suis pas sûre que les Républicains soient gagnants au bout du compte. Les Républicains, cela fait des années qu’ils ont mis au cœur de leurs programmes le sujet de l’immigration, et voilà qu’ils refusent le débat alors même que ce sont eux qui ont déposé le plus d’amendements. Avouez que ça ne tourne pas rond ! Pareil pour le Rassemblement national. Marine Le Pen disait tout récemment qu'"une petite loi avec des petites mesures, qui améliore un tout petit peu la situation, on peut la voter". D’autant que les Français sont favorables à cette loi...
Tous ces élus de droite et d’extrême droite ont voté main dans la main avec les Verts, les socialistes, les communistes et les Insoumis, non pas parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec le texte du gouvernement mais parce qu’ils voulaient faire échouer le gouvernement. On appelle cela de la politique politicienne.
Que va-t-il se passer maintenant ? On a compris que le texte allait poursuivre son chemin législatif. Visiblement, le Président ne souhaite pas abandonner cette loi immigration. Mais quelle loi ? Un texte plus dur ? Celui du Sénat ? Avec le risque de devoir utiliser au final un 49.3 qui affaiblirait plus encore la majorité, ou de se retrouver avec une nouvelle motion de rejet ! Bref tous les signes de la crise politique...
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