ÉDITO - Législatives : pourquoi Marine Le Pen a décidé d'engager un bras de fer sur la Défense

Dans le journal “Le Télégramme”, Marine Le Pen a mis les pieds dans le plat. Elle a expliqué que le titre de chef des armées du président n’était "qu’honorifique” avant de légèrement rétropédaler.

Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 4 juillet 2023.

Crédit : Emmanuel DUNAND / AFP

EDITO - Défense : Marine Le Pen engage un bras de fer

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Un premier accroc assez sévère. Avec ses propos, Marine Le Pen voulait d’abord se positionner comme quelqu’un qui ne laissera rien passer, notamment sur un sujet aussi sensible que la Défense. Le président Macron s’était positionné sur l’envoi de troupes au sol en Ukraine, position à laquelle le RN s’est toujours opposé. Marine Le Pen envoie un double message aux Français.

Si le RN est à Matignon, il fera en sorte qu’aucun soldat ne soit envoyé en Ukraine. Puis l’autre message qu’il faut lire entre les lignes, c’est qu’elle n’enverra pas de troupes françaises défier l’armée russe de Poutine. Au-delà du cas de précis de l’Ukraine, en attaquant sur “le titre honorifique de chef des armées”, Marine Le Pen envoie un message d’agressivité à l’égard de l’Élysée. Elle prévient en substance Emmanuel Macron qu’avec elle, et Jordan Bardella, il sera le président qui inaugurera les chrysanthèmes.

Tout est-il codifié par la Constitution ?

La Constitution dit que le président nomme le Premier ministre et le Premier ministre gouverne. Le président de la République est bien le chef des armées, oui, mais le Premier ministre gère le budget des armées et l’organisation de la Défense. Tout ça se passe très bien lorsque le président de la République et le Premier ministre sont du même bord. C’est beaucoup plus compliqué lorsqu’ils sont de bords opposés.

Si l’on dit que les Affaires étrangères et la Défense sont le domaine réservé du président. En réalité, il y a l’usage, la tradition, mais le "domaine réservé" n’est écrit nulle part. Il a fait l'objet de frictions dans la cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Ce dernier s’était opposé à l’envoi de troupes en Côte d'Ivoire. Ils étaient rivaux. Qu'en sera-t-il entre un Premier ministre et un président de la République qui sont ennemis ?

La courtoisie républicaine risque de n’être qu’un très loin souvenir. Mais vous savez, le général De Gaulle n’avait pas prévu la cohabitation. Pour lui, la logique voulait que si on lui refusait la majorité, on lui refusait la confiance, ce qui se traduisait par une démission. La cohabitation repose sur la volonté de ne pas créer de crise majeure, les conditions de la cohabitation se négocient.

Avant même l'élection, Marine Le Pen est en train de créer le rapport de force. Emmanuel Macron a réagi, depuis Bruxelles, en dénonçant l'arrogance du Rassemblement national. Marine Le Pen veut faire descendre le président de son piédestal.

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