ÉDITO - Législatives : Mélenchon "ne peut pas lâcher l’idée d’entrer à Matignon", estime Alba Ventura

Il ne peut pas s’en empêcher. Il ne peut pas vivre avec l’idée que ça peut ne pas être lui ou qu’on ne veut pas de lui. Regardez le cirque Mélenchon depuis les élections européennes. Il a commencé par dire qu’il se sentait capable d’être Premier ministre, puis comme il a vu que ça se cabrait dans les rangs de la gauche, que Raphaël Glucksmann lui faisait comprendre que ça ne pouvait pas être lui, il a fait semblant de faire le gentil en disant qu’il ne voulait pas s’imposer. 

Il avait même dit à la coalition de gauche : "Si vous pensez que je ne dois pas être Premier ministre, je ne le serai pas. Je le dis très tranquillement."

Tellement "tranquillement" que ce week-end, rebelote, Jean-Luc Mélenchon a fait savoir qu’il a "l’intention de gouverner", en arguant qu’il existe un accord selon lequel le groupe qui a le plus de députés décide du futur Premier ministre, ce qui est faux évidemment. Et même s'il sait qu'il est une ligne rouge pour une partie de la gauche, il veut s’imposer quand même. Peu importe que son nom crispe la coalition de gauche, il veut être hégémonique. Ça fait des années qu’il se bat pour ça. 

Souvenez-vous aux dernières législatives, en 2022, il marchait sur l’eau parce qu’il avait réussi à être le leader de la gauche, en nous faisant croire qu’il était à deux doigts, là encore, d’être Premier ministre. Il avait pris sa revanche, il avait écrabouillé tous ses faux amis de gauche, tous ces socialistes qu’il a embarqués dans la NUPES. Enfin, on lui mangeait dans la main. 

C’est ça qui est jubilatoire pour lui : montrer aux autres sa force, virer ceux qui se mettent en travers de son chemin, pouvoir dire à Raphaël Glucksmann "qui es-tu pour penser que je ne peux pas être Premier ministre ?" Arriver au pouvoir c’est son grand rêve, il en crève. Il aurait tellement voulu être Mitterrand, pour lequel il vouait une admiration sans borne. Il ne supporte pas que ça lui échappe, même s’il sait que ça peut faire perdre, il ne peut pas lâcher l’idée d’entrer à Matignon.

Pourtant, une défaite de la gauche est également possible, c’est sans doute cela qui fait que Jean-Luc Mélenchon s’agite beaucoup. Mélenchon est mégalo, mais ça ne l’empêche pas de comprendre que le Nouveau Front populaire n’aura pas le pouvoir, parce qu’il y a beaucoup trop de divisions à gauche. Ils ne sont pas capables de gouverner ensemble.

Il joue sur sa présence pour renforcer ses candidats, pour renforcer sa base. Il sait qu’il a déjà perdu, donc il fait en sorte de bâtir un bloc solide à l’Assemblée, un bloc de gauche dont il veut être l’icône. À défaut de Matignon, il veut être l’icône de la résistance face au RN. C’est pour cela qu’il est incapable de poser l’arme au pied, quand bien même les autres lui rappelle qu’il est un repoussoir.