Les deux motions de censure, déposées par les députés LIOT et Rassemblement National, seront votées ce lundi 20 mars, à 16 heures. A priori, ces motions ne devraient pas être adoptées. Mais avec ce qui s’est passé la semaine dernière avec le décompte des voix, il vaut mieux ne pas trop s’avancer...
De manière arithmétique, à l’heure qu’il est, ça ne passe pas. Il faudrait que toutes les voix de gauche - de la Nupes -, celles du RN, du petit groupe centriste LIOT, ainsi que des non-inscrits se coalisent et qu’ils aient convaincu une bonne vingtaine de LR. On ne sait jamais ce qu’il y a dans la tête des députés LR, mais il est quand même plus difficile de voter la censure à un gouvernement que de voter "contre" la réforme des retraites.
En toute logique, on pourrait se dire que tous ceux qui sont contre la réforme, sont contre le gouvernement, mais voter la censure c’est faire tomber le gouvernement et prendre le risque d’une dissolution et donc repartir devant les électeurs. L'impact n'est de ce fait pas tout à fait le même. D'autant qu’il n’y a pas un député LR - ni même un député Renaissance - qui est absolument sûr d’être réélu.
Aussi, à l’heure où l’on se parle, si la motion est rejetée, on peut penser qu’Élisabeth Borne va rester en poste, d'autant qu'on entend dire qu’elle a toute la confiance du Président. Mais c'est quand même rendez-vous en terre inconnue : elle sort très affaiblie du 49.3, d'autant qu'elle s’est coupée de la discussion avec les partenaires sociaux, alors qu’elle a été nommée pour ça. Comment peut-elle négocier à partir d’aujourd’hui ?
Elle n’a pas gagné de poids politique. Elle en a même perdu. Et puis, dire, au lendemain d’un 49.3 "ma priorité c’est de restaurer la confiance dans la démocratie", lorsque la veille, elle a refusé d’organiser un vote au profit d’un passage en force, ça ne colle pas...
Cela étant dit, Emmanuel Macron n’aime pas tellement se dédire et donc il y a peu de chance pour qu’il la congédie. Nous sommes donc face à un couple exécutif très abîmé, car oui, c'est d'abord le Président qui ressort abîmé de ce débat. C’est lui qui a pensé cette réforme. C’est lui qui a martelé maintes fois que "les retraites" étaient dans son programme présidentiel, ce qui est vrai, mais en oubliant qu’avec une majorité relative, cela compliquait la donne...
Donc c’est un échec personnel. Il a mal jugé la situation politique et il a mal jugé l’état psychologique des Français. Il avait promis de changer de méthode, d’être moins vertical et c’est l’image inverse qu’il a donnée. De fait, c’est contre lui que ça se déchaîne. Aujourd’hui, le Président est dans une impasse et il va falloir qu’il sorte de cette impasse, car il lui reste quatre ans et il ne peut rester 4 ans à inaugurer des chrysanthèmes.