Il est fascinant de constater comment, en France, nous n’arrivons toujours pas à parler d’immigration froidement et calmement comme des adultes. C’est tout de suite la cour d’école avec d’un côté les grands mots et de l’autre les postures. Tout cela peut paraître pathétique. Dans le fond, François Bayrou a-t-il eu raison, de parler de "submersion" ?
On a bien du mal à comprendre l’intérêt de ce mot. Tout d’abord, l’intérêt politique serait, dit-on à gauche, un clin d’œil au RN. Sauf qu’en ce moment, c'est le PS que le Premier ministre courtise pour passer son budget, pas le RN ! Mais surtout, la voie politique que François Bayrou a esquissée sur l’immigration n’avait pas besoin de ce mot.
À l'écouter le soir du 28 janvier, on a plutôt le sentiment qu’il essayait de trouver un équilibre entre d’une part des besoins de main d’œuvre et un problème démographique, et de l’autre une demande de régulation dans l’opinion qui est très forte. Pas seulement en France, mais aussi en Europe et ailleurs.
L'utilisation de ce terme est donc un choix loin d'être anodin. D’ailleurs, Justin Trudeau, le premier ministre canadien, qui est considéré comme un progressiste, a réduit fortement les quotas d’immigration. Il s’est justifié en disant que l’immigration avait atteint, "un rythme bien supérieur à ce que le Canada a été en mesure d'absorber". Voilà une citation qui ressemble beaucoup aux propos de François Bayrou quand il parle de "proportions". Pourtant, personne n’a traité Justin Trudeau de suppôt de l’extrême droite.
Du côté de la gauche, on parle plutôt de clin d’œil à l’extrême droite. On peut dire que ce mot est inutile, mais les socialistes donnent l’impression de n’avoir entendu que celui-là ou de n’avoir voulu entendre que ce terme. Par ailleurs, on peut se demander ce que le PS dirait des sociaux-démocrates danois, par exemple. Ceux-ci ont, sur le fond (pas sur les mots), des positions beaucoup plus dures que celles de François Bayrou sur l’immigration.
Des positions d’ailleurs décrites et vantées en France par la Fondation Jean-Jaurès, qui n’est pas vraiment une officine d’extrême droite, et qui a publié il y a deux ans une note assez positive pour le Danemark sur le sujet. Il s’agissait selon les mots de son auteur "d’arrêter de faire l’autruche". Voilà qui nous ramène, puisqu’on parle d’autruches, au point de départ avec le débat sur l’immigration, en France, qui ne vole pas haut !
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