Il y a une semaine, les députés de la France insoumise entraient triomphalement à l'Assemblée nationale. Mais depuis, la réalité s'est imposée. La gauche n'a pas gagné les élections législatives et se positionne assez loin de la coalition d'Emmanuel Macron. Sans ses partenaires au grand complet, LFI ne peut même pas se revendiquer devant le Rassemblement national.
Jean-Luc Mélenchon n'est de son côté plus à l'Assemblée et le groupe parlementaire va devoir apprendre à vivre sans lui. Adrien Quatennens est néanmoins obligé de rappeler publiquement que Jean-Luc Mélenchon est bien toujours le chef, mais ce qui était encore inenvisageable ou impensable même, arrive. Jean-Luc Mélenchon va continuer de commenter la vie politique, de l'extérieur, en simple observateur. Il n'est plus le centre de tout, ce qui est une petite révolution invisible à la France Insoumise.
Car cette absence ouvre une nouvelle bataille de leadership. Jean-Luc Mélenchon savait tenir son groupe par le collectif et la discipline. Lorsqu'ils étaient 17 députés, les talents individuels assuraient les coups d'éclat, mais à plus de 80 députés, c'est une autre histoire. Un seul leader vous manque, et se pose une question cruelle. Qui pourra être aussi talentueux que Jean-Luc Mélenchon à la tribune ? Quand une motion de censure tentera de renverser le gouvernement d'Elisabeth Borne, qui trouvera la puissance des mots et des formules ? L'opposition frontale, permanente et bruyante ne sera sans doute plus aussi efficace sans Mélenchon.
Plutôt que de les distinguer, cet affrontement risque d'isoler les députés de la France Insoumise. Ils ne seront pas toujours suivis par les socialistes, écologistes et communistes qui auront même là l'occasion de se différencier.
Les députés insoumis risquent aussi de se retrouver dans le rôle des idiots utiles du Rassemblement National. Les équipes de Marine Le Pen, dont la cheffe a elle été élue à l'Assemblée, n'auront pas à faire d'effort pour apparaître plus respectables et plus fréquentables.
Toute la stratégie de La France Insoumise, connue pour être une redoutable machine pour percer le mur médiatique, devient un fardeau pour être une opposition qui construit la suite et donc la prochaine présidentielle.
Mais Jean-Luc Mélenchon sera-t-il de nouveau candidat lors de la prochaine élection présidentielle ? Il n'a renoncé à rien, mais il n'a pas encore trouvé sa place pour passer les 5 ans qui viennent, d'autant plus qu'il a déserté l'Assemblée nationale. Il laisse le champ à d'autres et donc aux premières critiques. Le député François Ruffin l'a explicitement dit dimanche au Grand Jury RTL : "Je ne me leurre pas sur le fait que malgré l'excellente campagne de Jean-Luc Mélenchon, notre score aux législatives est assez bas".
Jean-Luc Mélenchon a visé et conquis des minorités qui se sentent rejetées. Il a aussi drainé une gauche aisée, celle des villes, orphelines du PS. Mais il n'a pas le vote populaire. François Ruffin assume lui une forme de populisme pour parler à cet électorat. Il décrit, sans le nommer ainsi, le plafond de verre de Jean-Luc Mélenchon.
François Ruffin est le premier à confier qu'il se prépare pour 2027, qu'il travaille ses faiblesses pour être prêt, au cas où Jean-Luc Mélenchon n'est plus dans l'arène. Un air de succession flotte dans les rangs de la France Insoumise.
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