ÉDITO - Retraites : "Il faudra une nouvelle réforme", estime François Lenglet

Faut-il abroger la réforme des retraites ? Le dossier promet d'être l'un des premiers obstacles majeurs pour Michel Barnier et son gouvernement. Les explications de François Lenglet.

Illustration de la réforme des retraites

Crédit : AFP / PHILIPPE HUGUEN

LENGLET-CO - La réforme des Retraites : le dossier explosif

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C'est un sujet qui divise tout le monde. Faut-il, ou non, abroger la réforme des retraites ? Avec Michel Barnier comme Premier ministre, la réforme ne sera pas abrogée, du moins pas dans sa dimension symbolique la plus forte, celle du départ à la retraite à 64 ans. Pas question de revenir en arrière là-dessus pour Emmanuel Macron.

C’est d'ailleurs le point qui a fait capoter la candidature de Cazeneuve. Michel Barnier est issu de la droite qui milite depuis longtemps pour l’allongement de la carrière donc ça devrait, de ce point de vue, converger.

Face au Rassemblement national et au Nouveau Front populaire, qui militent pour l'abrogation de cette réforme, le plan, c’est de mettre au travail des partenaires sociaux, pour aménager la loi sur deux points clé : en prenant davantage en compte la pénibilité de certains emplois, le port de charges lourdes, l’exposition à des produits chimiques, pour permettre des départs anticipés et en améliorant la situation des femmes, des mères en particulier, qui restent pénalisées par rapport aux hommes, après la réforme.

Davantage de salariés partiront avant 64 ans

En résumé, Michel Barnier et son gouvernement vont négocier une réforme non pas avant, mais après qu’elle a été adoptée. Cela signifie que davantage de salariés partiront avant 64 ans, ils sont déjà près de 40% à profiter du départ anticipé, principalement au titre de la carrière longue, lorsqu'ils ont commencé à travailler tôt et ils devraient être plus nombreux.

Cela aura aussi des conséquences sur les finances du système, puisque ça signifie moins de cotisations, et plus de pensions à verser. On n’est pas près de sortir du déficit. C’est la seule réforme des retraites qui n’améliorera pas les comptes. Le Comité de suivi l’a dit cet été dans son avis : le scénario central calcule un déficit jusqu’en 2070 de plusieurs milliards chaque année.

Tout l’argent gagné avec l’allongement de la durée de cotisation jusqu’à 64 ans a été intégralement dépensé, par la réforme elle-même, à cause de l’extension des régimes carrières longues, et de l’augmentation des retraites minimum. Deux nobles causes qui laissent en l’état le déficit à traiter. Ça a été tellement mal négocié qu’il a fallu lâcher sur tous les fronts.

Il faudra une nouvelle réforme des retraites parce que le déficit démographique va se creuser, mais ça ne sera pas ce gouvernement-là qui va le faire, sans majorité. C’est le paradoxe : Emmanuel Macron parle de réforme des retraites depuis 7 ans, et il laissera le système avec un trou financier.

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