ÉDITO - "Où est passé l'argent public distribué à l'hôpital", se demande François Lenglet

On va prendre un exemple illustratif de la gestion catastrophique de la sphère publique par l'administration Macron. Est-ce que vous avez une idée de l'argent qui a été dépensé pour l'hôpital, en dehors du budget, c'est-à-dire les contributions exceptionnelles qu'on a versées depuis trois ans. Cela représente 40 milliards d'euros.

C'est trois fois le budget de la justice. Alors qu'on n'a pas vraiment l'impression que ça fonctionne beaucoup mieux. Il y a eu 7 milliards d'euros d'augmentation de salaire par an, des aides au désendettement et des aides à l'investissement. Pourquoi est-ce que finalement c'est si peu productif ? La Cour des comptes a fait un rapport passionnant et qui explique qu'on a saupoudré, on a gaspillé.

Ces augmentations, de 7 à 8 milliards par an, elles étaient nécessaires, mais on n'a pas demandé de contrepartie à la structure en termes d'organisation, en termes d'organisation des gardes de nuit, de week-end. En fait, on a traité les conséquences, mais pas les causes.

On pourrait penser que l'aide au désendettement des hôpitaux les a soulagé un peu. Détrompez-vous, là aussi, on a réussi à se planter. La Cour des Comptes nous dit au total 15,5 milliards. Financée en grande partie par la prolongation de la fameuse dette sociale qui est sur nos feuilles de salaire. 

L'argent n'est pas arrivé au bon endroit. On a surcompensé des hôpitaux qui allaient bien et pas assez ceux qui allaient mal. 80% des hôpitaux ont profité de cette manne alors qu'en réalité, il n'y a qu'un tiers qui est surendetté. Aucune mesure pour rétablir les comptes de façon pérenne n'a été mise en place.

Le risque d'une dérive financière

Normalement, quand on renfloue une entreprise, on lui donne de l'argent, mais on se débrouille pour qu'elle n'en perde plus. Rien n'a été fait. Au point que, en 2021, le nombre d'établissements surendettés baisse, mais il repart dès 2022.

Concernant la modernisation des hôpitaux, le Jugement de la Cour des comptes est sans appel. Saupoudrage de l'argent, pas de priorité définie, dispositif mal piloté, pas d'expertise technique pour sélectionner les projets, les problèmes sont multiples. Par ailleurs, il y a trop de projets, les agences régionales de santé ont sélectionné pour 27 milliards d'euros de projets d'ici 2029, d'où le risque d'une nouvelle dérive financière.

Au final, c'est comme si on avait jeté 40 milliards par les fenêtres. Ce qui est frappant, c'est que les problèmes de fonds n'ont pas été traités. Précipitation, incompétence, manque de direction. En fait, on a fait de l'arrosage automatique, alors qu'il aurait fallu faire du traitement ciblé.

Résultat, quatre ans plus tard, la situation reste ultra-tendue, alors que la dette publique, elle est bien là. C'est tout le problème de l'action publique sous cette présidence. On n'en a pas pour notre argent.

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